Comme souvent à Paris, la propreté s'invite dans la campagne des municipales. Pour l'élection de mars 2020, les Parisiens ont même décidé d'en faire l'un des sujets majeurs susceptibles de jouer un rôle déterminant dans leur choix.
Il revient comme un bon vieux serpent de maire : le sujet de la propreté à Paris. Cette année encore, il s'impose comme l'un des enjeux clés de la campagne municipale parisienne. Selon une enquête Ifop-Fiducial publiée en septembre, les habitants de la capitale interrogés sur ce qui va jouer un rôle déterminant dans leur choix citent, en premier lieu et à 69%, la propreté.
Ce n'est pas un phénomène tout à fait nouveau. Beaucoup ont encore en tête les fameuses "moto-crottes" de Jacques Chirac, par exemple. Et globalement, la propreté a plus ou moins toujours été un sujet pour les maires de Paris et donc pour les aspirants à la mairie de Paris. Elle l'est encore cette fois-ci.
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"Quel que soit l'arrondissement, nous avons partout les mêmes témoignages", assure Nelly Garnier, la directrice de campagne de Rachida Dati, candidate Les Républicains à la mairie de Paris. "Ce sont les poubelles qui débordent, poursuit-elle, les encombrants qui ne sont pas ramassés, bien évidemment la multiplication des rats - deux fois plus de rats que d'habitants à Paris - comment peut-on se satisfaire de cette situation ?"
Incontestablement, Anne Hidalgo a échoué. Elle pourra dire tout ce qu'elle veut, la réalité est sous les yeux des Parisiens tous les jours. Nelly Garnier
La mairie met en avant ses efforts
A l'image de la droite parisienne, nombre des concurrents de la maire socialiste sortante, candidate à sa propre succession, lui reprochent l'état de la capitale aujourd'hui et dénoncent une baisse du bugdet propreté. Beaucoup de choses ont pourtant été faites, assure l'adjoint à la mairie de Paris, chargé de la propreté et de la gestion des déchets.
Il y a eu 200 millions d'euros d'investis sur la propreté dans cette mandature. Paul Simondon
"Depuis 2014, nous avons mis plus de moyens et notamment 250 agents supplémentaires, nous avons un budget de près de 600 millions d'euros par an", détaille Paul Simondon. "Nous avons aussi modernisé nos engins de propreté : les petites balayeuses, aspiratrices, les bennes pour ramasser les ordures ont été changées pour sortir du diesel. Il y a eu 200 millions d'euros d'investis sur la propreté dans cette mandature, c'est extrêmement important. Paris est la ville qui a le plus investi en la matière", insiste-t-il encore.
L'adjoint en charge de la propreté souligne également le changement des corbeilles de rue. "On a mis des corbeilles compactantes pour les lieux les plus fréquentés, qui fonctionnent à énergie solaire et qui écrasent les déchets pour les compacter, ce qui fait qu'il n'y a pas un risque de débordement trop fréquent, on a mis aussi des corbeilles résistantes aux rongeurs, avec un petit coffrage autour bien étudié pour que les rats ne puissent plus venir grignoter les sacs et laisser les déchets se répandre au sol, on a encore mis des cendriers sur toutes les nouvelles corbeilles", note Paul Simondon. Il met aussi l'accent sur la mise en place des "équipes d'urgence propreté dans chaque arrondissement, capables d'intervenir en urgence en cas de signalement de la mairie d'arrondissement ou de Parisiens à travers l'application Dans ma rue".
Objectif un milliard d'euros par an
Mais ce membre de l'équipe Hidalgo reconnaît tout de même que l'insatisfaction perdure et qu'il y a toujours beaucoup à faire, notamment parce que l'espace public a augmenté. "Il n'y a pas que l'espace public, corrige-t-il immédiatement, c'est en fait la surface d'espace accessible aux piétons agréable à vivre qui a augmenté. Quand on refait des places, quand on refait la place de la Bastille, celle de la Nation, et que ces ronds-points deviennent des places où on a envie d'aller se poser sur un banc, éventuellement manger un sandwich, discuter avec des amis, cela n'a pas les mêmes conséquences". Les moyens ont été augmentés et il faut continuer à les augmenter, précise encore Paul Simondon, "c'est pour cela qu'Anne Hidalgo annonce un objectif très ambitieux d'avoir un milliard d'euros par an consacré à l'entretien des rues, à la fois côté nettoyage mais aussi entretien et réparation".
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Un milliard d'euros par an pour la propreté, voilà effectivement la proposition de la maire sortante PS. Aveu d'échec analysent ses opposants parmi lesquels Benjamin Griveaux, le candidat officiel de La République En Marche.
Ce n'est pas en mettant toujours plus qu'on arrive à faire mieux. Benjamin Griveaux
"Je pense qu'on peut dépenser plus efficacement, explique Benjamin Griveaux. Mais pour cela, il faut s'intéresser au quotidien, au concret, à la façon dont les services sont organisés. _On peut aussi intelligemment travailler en faisant en sorte qu'il n'y ait pas de règlements absurdes qui font par exemple que les grilles au pied des arbres dépendent des espaces verts et pas de la propreté, et que donc, la personne chargée de la propreté ne peut pas nettoyer sous les grilles__. C'est invraisemblable qu'on ait ça à Paris en 2020"_, dénonce l'ancien porte-parole du gouvernement.
Confier la propreté aux mairies d'arrondissement
Benjamin Griveaux plaide également pour une sorte de décentralisation : un transfert de la compétence aux maires d'arrondissement. Ce que réclame aussi le clan Dati ("les maires d'arrondissement sont ceux qui connaissent le mieux les usages des habitants de leur arrondissement, il faut donc davantage les associer à la politique de la propreté, tout en gardant une organisation à l'échelle de la ville", note Nelly Garnier), et l'équipe de Cédric Villani, le candidat dissident de la majorité présidentielle.
"Savoir quelles sont les rues où, parce qu'il y a des commerçants, de l'activité, de la vie tout simplement, il y a plus besoin de nettoyer, cela doit relever des élus locaux, de proximité. Cela permet aux Parisiens d'avoir des interlocuteurs à portée d'engueulade et aux maires d'arrondissement de ne pas se déporter sur la mairie de Paris en disant que ce n'est pas de leur faute", explique Rayan Nezzar, le porte-parole de Cédric Villani.
On devrait plutôt débattre d'éducation, d'innovation, de transition climatique. Rayan Nezzar
Le mathématicien veut s'occuper de ce sujet rapidement, promet son collaborateur qui regrette qu'on en soit encore "réduit à parler de la propreté à Paris". "C'est triste, soupire Rayan Nezzar, la propreté, on devrait simplement assurer son efficacité et cela ne devrait même pas faire débat, on devrait débattre d'éducation, d'innovation, de transition climatique".
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Entre public et privé le cœur des candidats balance
Quel que soit le niveau de gestion, il y a un premier élément à régler pour d'autres candidats. Serge Federbusch, soutenu par le Rassemblement National, voudrait déléguer le balayage des rues à des entreprises privées. Là où l'Insoumise Danielle Simonnet prône exactement l'inverse. "Depuis Bertrand Delanoé, ils ont fait le choix de faire en sorte que la collecte des déchets, qui est couplée avec le balayage des rues, soit exercée par le privé sur la moitié des arrondissements (ndlr : selon la ville, les services municipaux assurent la collecte dans les 2e, 5e, 6e, 8e, 9e, 12e, 14e, 16e, 17e, et 20e arrondissements, les autres sont pris en charge par des entreprises privées), la collecte des autres arrondissements est réalisée par des entreprises privées".
Il y a au moins une différence de près de 15 euros la tonne collectée quand c'est géré par le privé plutôt que par le public. Danielle Simonnet
"Le privé nous coûte plus cher que le public. Dans la surenchère libérale, on trouve toujours plus extrême. Donc oui, certains proposent le tout privé, ce qui nous coûtera beaucoup plus cher et qui ne sera pas de meilleure qualité. Moi, je pense au contraire qu'il faut remunicipaliser l'ensemble de la propreté, ce qui nous permettra de faire des économies, et donc de pouvoir augmenter les effectifs pour améliorer la propreté de nos quartiers", justifie la conseillère de Paris qui se présente en binôme avec Vikash Dhorasoo.
"Mais ce qui est important, c'est aussi de fidéliser les équipes qui font la propreté dans les quartiers, embraye Danielle Simonnet. Vous respectez beaucoup plus la propreté d'un quartier quand vous connaissez ceux qui y travaillent, qui le nettoient, quand vous faites en sorte qu'il y ait beaucoup plus de lien entre les habitants, les associations de locataires, les centres sociaux, l'ensemble des acteurs du terrain. C'est tout ça qui change aussi l'appropriation collective d'un quartier".
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Moderniser les équipements
Des effectifs supplémentaires pour s'occuper de la propreté de Paris, Gaspard Gantzer n'est pas contre. Mais il faut avant tout, pour lui, équiper correctement les agents. Cela fait en tout cas partie des priorités sur le sujet de l'ancien conseiller de François Hollande qui se présente au nom du mouvement citoyen Parisiennes, Parisiens et qui, dès son entrée en campagne a assuré que Paris était "dégueulasse".
"C'était peut-être excessif sur la forme, mais je crois que le fond y était", sourit-il aujourd'hui. "Les balayeurs balaient la rue avec des balais en plastique et des sacs en plastique. _C'est un peu comme si vous essayiez de nettoyer votre appartement avec une brosse à dents, ça ne peut pas marcher__"_, analyse-t-il avant de proposer d'investir "200 millions d'euros pour mécaniser voire robotiser le nettoyage des rues, avec la mise en place de véritables commandos de lutte contre la saleté".
Autre candidat à la mairie de Paris, Marcel Campion propose, lui, de "réaménager le ramassage des ordures ménagères à l'aube (...) pour ne plus attirer les rats autour des poubelles durant la journée, mais également améliorer la mobilité des Parisiens en évitant les embouteillages que cela crée".
En attendant, du côté de David Belliard, chez les Verts, on rappelle que "le meilleur déchet c'est celui qu'on ne produit pas", et on milite pour faire de Paris une ville zéro déchet. Mais le chemin est encore long : avec plus de deux millions d'habitants et 30 millions de touristes par an, ce sont aujourd'hui 3 000 tonnes de détritus qu'il faut collecter au quotidien dans la capitale.
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