Il a près de 170 ans mais, à la différence de nombre de ses congénères, le New York Times est toujours là. Le quotidien vient même de publier des résultats insolents : chiffre d’affaires en hausse de 3,6 % et… 5,3 millions d’abonnés. Le fruit d’une stratégie éditoriale innovante, notamment.
En 2015, le Nieman Lab, une fondation d’Harvard dédiée à l’étude des médias, parlait d’objectifs ambitieux. Le New York Times était alors en pleine migration numérique. Transformer un modèle papier en média web, c’était risquer de tuer la poule aux œufs d’or. Mais désormais, chaque jour, le quotidien fondé à New York en 1851 attire de nouveaux abonnés, toujours plus jeunes.
Plus qu’une incarnation de la presse, il est pour Brandon, 30 ans, apprenti reporter à l'université de Columbia, "le symbole du journalisme". Laura, 22 ans, ne parle même pas de l’édition papier :
Je consulte le site au moins une fois par jour, parfois plus. Je regarde les titres et, si ça m’intéresse, je lis, mais toujours sur internet.
Car si le New York Times peut aujourd’hui compter sur 5,252 millions d’abonnés, ce sont pour plus de la moitié des souscriptions numériques. Preuve que désormais, assure Kyle Pole, qui édite la revue du département de journalisme de Columbia, les lecteurs sont prêts à payer pour s’informer.
On souscrit à toutes sortes d’abonnements dans notre vie personnelle. On s’est habitués à payés pour recevoir des données ou du divertissement. Donc c’est aussi plus facile de rendre payant le journalisme.
Journalisme réinventé
Mais le journalisme a aussi changé de forme. Le New York Times compte 1 600 journalistes, mais il est loin de se cantonner aux formats écrits qui ont fait son succès par le passé. Sa vitrine, d’ailleurs, ne se lit plus : c’est le "Daily", podcast audio quotidien présenté par l’ancien reporter politique Michael Barbaro. Avec 2 millions de téléchargements chaque jour, c’est le premier des podcasts aux États-Unis.
Preuve de son importance, c’est par ce canal, par exemple, que les premiers témoignages accusant Harvey Weinsten, donnant ainsi naissance au mouvement #metoo, ont été diffusés.
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Le New York Times s’offre également le rare privilège d’enquêter plusieurs mois durant sur un sujet, de travailler sur des productions complexes, même sur des sujets qui l’éloignent de son territoire d’élection :
" Ce qu’on a fait sur Notre-Dame de Paris, ce qui était vraiment arrivé avant et après incendie, et comment on l’a illustré [avec de riches et belles infographies, ndlr], je ne pense pas qu’un journal français avait à ce moment-là sorti des informations aussi approfondies", se félicite Roger Cohen, éditorialiste au New York Times où il travaille depuis trente ans.
Celui que l’on considère comme le journal de l’élite américaine, des républicains modérés et surtout des démocrates, a sans doute aussi été aidé par l’élection de Donald Trump, dont il s’est attiré les foudres – "l'ennemi du peuple", selon le président américain, ou le "failing New York Times". Cette animosité, le journal a su la transformer en abonnements. Reste à savoir si tous ces nouveaux lecteurs seront toujours fidèles dans l’hypothèse d’une non réélection de Trump.
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