A Cannes, tout le monde fait son cinéma

Fin du Festival de Cannes, 1987 - Nice, embarquement pour Paris
Fin du Festival de Cannes, 1987 - Nice, embarquement pour Paris - Gérard Lefort @Editions Hors Collection
Fin du Festival de Cannes, 1987 - Nice, embarquement pour Paris - Gérard Lefort @Editions Hors Collection
Fin du Festival de Cannes, 1987 - Nice, embarquement pour Paris - Gérard Lefort @Editions Hors Collection
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Rencontre avec Gérard Lefort, critique de cinéma, à l'occasion de la parution de "La foire aux vanités - Confidences cannoises"- et Eric Garandeau, ancien président du CNC, ancien vice-président du Festival de Cannes, pour un premier roman, "Tapis rouge

Avec
  • Eric Garandeau co-directeur de l’association chargée de la mise en œuvre du Pass Culture, ancien directeur du CNC.
  • Gérard Lefort Journaliste, critique de cinéma et écrivain

Tewfik Hakem s'entretient avec Gérard Lefort, critique de cinéma, pour ses souvenirs du Festival de Cannes, dans "La foire aux vanités", publiés aux éditions Hors Collection, et Éric Garandeau, ancien président du CNC et ancien vice-président du Festival de Cannes, pour son premier roman, Tapis rouge, paru aux éditions Albin Michel.

[Eric Garandeau] J'ai eu envie de laisser la plume à des choses plus légères, plus divertissantes. C'est l'histoire même du Festival de Cannes, créé une première fois en 1939 - mais avec la Guerre, il n'y eut qu'un seul film projeté cette année-là - qui renaît de ses cendres en 1946. Il fallait trouver une façon de faire, c'était un défi que ce roman d'aventures.  

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Le Festival, c'est un peu le Graal pour tout cinéaste, ce livre c'était rendre un hommage. Le héros se retrouve embringué dans une histoire rocambolesque qui va l'entraîner très loin. Mais c'est vrai que Tapis rouge, c'est aussi le festival des vanités...

L'actrice Chloe Sevigny venue défendre le film "Everybody knows". 71e édition du Festival de Cannes, 8 mai 2018
L'actrice Chloe Sevigny venue défendre le film "Everybody knows". 71e édition du Festival de Cannes, 8 mai 2018
© AFP - LoÏc Venance/ AFP

[ Gérard Lefort] Le Festival de Cannes, c'est une bulle, on a l'impression d'être sous cloche comme s'il y avait une espèce d'énorme igloo virtuel - et transparent quand même - mais qui nous surplombe pendant une dizaine de jours, et le reste du monde n'a plus aucune importance. Comme elle se fissure rarement, c'est un monde à part.  

A quoi sert le Festival de Cannes ? J'ai envie de répondre de façon provocante : à rien, et c'est ça qui est superbe. C'est-à dire que pendant une dizaine de jours, on voit forcément les plus beaux films du monde dans les meilleures salles de cinéma du monde, il y a quelque chose d'une attitude et de gestes complètement gratuits. Pourquoi?  Comment? Qu'est-ce qu'on fait là... ? Il y a de l'irréalité. 

Le Festival de Cannes, c'est une immense crise de nerfs qui dure dix jours - manque de sommeil, on en oublie même de se nourrir... S'endormir à Cannes, c'est une expérience tout à fait spéciale, vu l'état de  nerfs et de fatigue dans lequel on est très vite au bout de quelques jours, parce qu'on ne rêve pas comme ailleurs. Si on dort, on rêve du film, je crois. J'ai aussi ce sentiment étrange que dans ces moments-là, les films rêvent de nous. C'est quasiment du chamanisme.