Antoine Wauters : "C'est l'histoire d'un amour absolu"

Antoine Wauters
Antoine Wauters - © Antoine Wauters, coll. privée
Antoine Wauters - © Antoine Wauters, coll. privée
Antoine Wauters - © Antoine Wauters, coll. privée
Publicité

Entretien avec l'écrivain Antoine Wauters qui publie simultanément aux éditions Verdier "Pense aux pierres sous tes pas" et "Moi, Marthe et les autres".

Avec

lundi-livre

avec Antoine Wauters, scénariste, écrivain, romancier qui fait paraître deux textes aux éditions Verdier ; Pense aux pierres sous tes pas et Moi, Marthe et les autres.

Pense aux pierres sous tes pas, chap. 4, La disparition (éd. Verdier)
Pense aux pierres sous tes pas, chap. 4, La disparition (éd. Verdier)
- Antoine Wauters

Dans Pense aux pierres sous tes pas, Marcio et Leonora sont des amants, ce sont aussi des amis, des âmes-sœurs, ce sont des jumeaux nés dans un milieu familial compliqué avec des parents pas aimants. Au milieu de cette famille violente, dans un pays en proie à de grands changements politiques, ils s'accrochent l'un à l'autre comme des morts de faim. Ils ont besoin l'un de l'autre, jusqu'au jour où ils vont être séparés, après que leur père, Paps, les découvre, dans une proximité qu'il ne peut assumer. 

Publicité

C'est l'histoire d'un amour absolu, impossible, qui ne peut trouver sa place dans cette famille, dans la société. C'est un amour physique, donc on peut effectivement parler d'inceste, et en même temps, je vois ça sur un plan symbolique comme les deux parties d'un même être.

Pense aux pierres sous tes pas, Antoine Wauters
Pense aux pierres sous tes pas, Antoine Wauters
- Granger/ Bridgeman images @Editions Verdier

Il y a une carte posée comme une clef sur le seuil du livre en préambule. On est dans un pays imaginaire, je me suis dit que si j'ancrais mon propos dans quelque chose de trop réel, le côté fable que je voulais donner au livre allait disparaître. J'aimerais qu'on le lise en se disant que dans la mesure où c'est un pays qui n'existe pas, c'est peut-être aussi un pays qui ressemble à tous les autres quand on les rassemble ; pauvre, fragilisé et pas forcément européen, d'ailleurs. 

C'est un roman [dédié aux séparés] qui parle d'une séparation et d'une réparation et même, d'une recréation. C'est une forme de roman d'apprentissage. Le livre s'ouvre avec la voix de Leonora. J'essaie de montrer que peut-être il n'y a pas de déterminisme, que peut-être on peut rebondir par un élan intérieur, essayer de bouger les lignes de façon à trouver quelque chose qui nous ressemble,  accéder en fin de compte à une forme d'autonomie, de liberté. 

J'aime l'idée que les paroles soulèvent des images, des sensations. On a besoin, dans nos existences, d'une solitude et on a aussi besoin d'une forme de mise en commun, de faire bloc, de s'agréger. J'aime aussi l'idée de me situer sur des lignes de crête, entre ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas...

Extrait : Moi, Marthe et les autres
Extrait : Moi, Marthe et les autres
- Antoine Wauters

Moi, Marthe et les autres, je l'ai écrit en riant et en colère, dans une période où j'étais au plus bas de ma vie, je l'ai écrit très vite. Le matériau - la tristesse, la nostalgie, une forme de désespoir qui sont à la base des deux livres a fait que ce qui était très sombre s'est transformé en quelque chose de beaucoup plus positif, grâce à l'écriture. L'idée de transformer une boue, une noirceur en quelque chose de lumineux, c'est mon obsession d'écrivain mais aussi d'être humain, d'être vivant : réussir à traverser ces ombres dont je parle au début de Pense aux pierres sous tes pas et en faire autre chose, pour moi, la littérature sert à ça. 

Programmation musicale :

Tom Misch, Lost in Paris

Johnny Hallyday, Retiens la nuit

Lien vers le site des Editions Verdier

Antoine Wauters, aux éditions Verdier.

L'équipe