Antonio Altarriba : " Nous nous mentons tous, le mensonge est devenu une forme d'approche sociale "

Antonio Altarriba
Antonio Altarriba - @Editions Denoël Graphic 2021
Antonio Altarriba - @Editions Denoël Graphic 2021
Antonio Altarriba - @Editions Denoël Graphic 2021
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Essayiste, historien de l'art, écrivain, Antonio Altarriba est également connu en tant que scénariste de bande dessinée en Espagne. A l'occasion de la sortie du troisième volet de sa "Trilogie du Moi", rencontre avec un intellectuel engagé, très critique vis à vis de la classe politique de son pays

Avec
  • Antonio Altarriba Romancier, scénariste de bande dessinée et de télévision espagnol, Professeur de littérature française à l'université du Pays basque.

Vendredi-BD

Tewfik Hakem s'entretient avec le scénariste de bande dessinée espagnol, Antonio Altarriba, à propos de la parution de Moi, Menteur, aux éditions Denoël Graphic. Antonio Altarriba et le dessinateur Keko referment la boucle de la Trilogie du Moi, entreprise en 2014 avec Moi, assassin, poursuivie en 2017 avec Moi, fou ; Moi, menteur ou le parcours d’Adrián Cuadrado, conseiller en communication du Parti Démocratique Populaire, baratineur à succès et dissimulateur professionnel sans aucune considération morale. (Traduit de l'espagnol par Alexandra Carrasco)
 

Adrián Cuadrado renvoie à un personnage réel qui a eu une trajectoire dans le monde politique tel que je le décris dans mon livre. 

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" Et ce personnage est un grand menteur, cultivé, très intelligent, qui connaît le chemin très tordu de la politique "

Je voulais aborder le thème du mensonge, dans un monde plus large - politique, avec les promesses non accomplies, etc., et au-delà ; nous nous mentons tous, le mensonge est devenu une forme d'approche sociale. Il y a le mensonge, mais il y a aussi tous ces petits arrangements avec la vérité ; on joue continuellement avec le mensonge, on triche. 

Moi menteur
Moi menteur
- Antonio Altarriba (scénario) & Keko (dessin)

Mon personnage sait très bien comment manœuvrer dans ce monde. Quant à l'idée d'une justice poétique, je suis plus impitoyable que cela, même si l'art est très important dans mes trois volumes. 

" Peut-on tirer un profit moral de ce qui est pur mensonge ? "

Dans la production artistique, il y a toujours aussi une part de trahison. J'ai cherché symboliquement ces formes de masques : nous n'avons pas de personnalité définie, nous adoptons toujours une série de masques. Je ne suis pas le même en fonction des circonstances ou du scénario. La circonstance crée le moi, ce n'est pas le moi qui crée la circonstance.

Moi menteur
Moi menteur
- Antonio Altarriba (scénario) & Keko (dessin)

" On adhère davantage à un récit consolant, qui est accueillant, bienveillant "

Je doute de notre sagesse, mais nous sommes des affabulateurs depuis l'origine des temps. Nous nous racontons des histoires, la fable est au cœur de ce que nous sommes.

Programmation musicale

Rolando Alarcon, No pasaran, 1968

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