Entretien avec l'artiste Arnaud Théval autour d'une exposition qui nous plonge dans l'univers carcéral, du côté de la prison vidée de ses occupants et du côté des étudiants de l'école nationale d'administration pénitentiaire, futurs surveillants de prisons, à Agen.
- Arnaud Théval Artiste photographe
Mardi exposition dans le Réveil culturel, avec :
Arnaud Théval, artiste, pour L’œilleton inversé, la prison vidée et ses bleus, jusqu’au 30 novembre 2017 au musée d’Agen, église des Jacobins et la parution de La prison & l'idiot aux éditions Dilecta.
La démarche d'Arnaud Théval vise à "pouvoir agiter l’espace social, réveiller le politique et produire des dispositifs artistiques dans lesquels les individus jouent leur rôle de sujet, puissent prendre la parole avec lui pour poser des questions et inquiéter ce réel."
Il questionne l'enfermement à travers ses photographies dont le projet d'exposition à Agen forme un diptyque : il photographie les prisons vidées de ses occupants, les traces et la mémoire du lieu puis suit la formation des étudiants de l'école nationale d'administration pénitentiaire, les futurs surveillants de prison de demain, et scrute l'imaginaire qui les travaille durant cette préparation qui n'est pas dénuée d'appréhension et de peur.
L’exposition combine deux moments de mon projet artistique : le moment où j’ai pu rentrer dans les maisons d’arrêt le lendemain même du moment où on a transféré les détenus dans les nouvelles prisons, l’endroit était donc vide… Et le moment où j'ai suivi les bleus, il s’agissait d’aller sur le terrain de la formation des surveillants et de voir comment ils sont incorporés dans cette administration, comment leur imaginaire est travaillé depuis l’école nationale de l’administration pénitentiaire.
J’amène le spectateur à suivre un parcours qui mêle des horizons différents notamment celui des prisons du 19ème siècle fermées depuis peu, ces prisons vétustes que nous avions au cœur des villes près des Palais de justice. J’étais absorbé par cette nécessite d’aller photographier ces lieux le lendemain du transfert des détenus, tout est ouvert, on voit la prison telle qu’elle est avec sa violence radicale et sa poésie qui submerge de partout. J’y suis allé pour chercher une mémoire de ce lieu-là.
Puis dans un second temps j’ai été sur le terrain de ceux qui organisent la prison pour confronter ces traces à leur propre mémoire.
Les deux projets sont différents et réunis dans une même exposition parce que c’est mon histoire dans la pénitentiaire, c’est comme ça que j’y suis rentré. Et puis quand on parle des prisons, nous avons dans notre mémoire collective le modèle d’une prison de la Troisième République, en centre-ville, sombre et emmurée, aux odeurs nauséabondes… Qui a en tête aujourd’hui les prisons construites par Bouygues à l’extérieur des villes ? Personne. Les élèves qui arrivent sur ce terrain-là ont également ça en tête...
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