Avec " Sur un air de fado ", l'auteur de bande-dessinée Barral questionne les notions d'engagement et de résistance dans une fiction qui se déroule à Lisbonne, en 1968, sous la dictature de Salazar
- Nicolas Barral Dessinateur
Vendredi-BD
Tewfik Hakem s'entretient avec le dessinateur de bande dessinée, Barral, à l'occasion de la parution de son premier album en tant qu’auteur et dessinateur, Sur un air de fado, aux éditions Dargaud. Un récit qu'il situe à Lisbonne dans les années 1968, à l'époque de la dictature, et de ceux qui, au fond, s'en accommodaient jusqu'à ce que…
Sur la couverture du livre, on voit un homme qui marche d'un pas tranquille dans la rue, et se projettent sur le mur qu'il est en train de longer les ombres de deux policiers armés de matraques dont on devine qu'ils font passer un sale moment à des manifestants. Je cherchais aussi un moyen de montrer Lisbonne, alors j'ai choisi les azulejos, des carreaux de faïence sur le mur, pour la représenter.
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Mon personnage, inspiré d'un roman d'Antonio Tabucchi, " Pereira pretend " est médecin. Le héros de Tabucchi (qui lui, est journaliste) et mon personnage ont en commun de ne pas vouloir prendre parti, de s'accorder le droit d''être heureux malgré la dictature.
Lors de ses visites à domicile, mon personnage a un patient à qui il rend visite régulièrement au siège de la Police politique. A partir de là, il va se retrouver confronté malgré lui à la partie sombre de Lisbonne, c'est-à-dire à ce régime répressif incarné par Antonio Salazar. A un moment donné, il va devoir prendre parti.
" Ce livre raconte ce temps qu'il faut à l'homme pour devenir un héros "
Le chemin qui mène à l'héroïsme, est parfois long, sinueux, c'est une longue délibération intérieure qui prend du temps.
Parmi les thèmes que je développe, il y a aussi la question de l'hérédité, du poids de la tradition familiale, des différents empêchements qui viennent contrarier la vocation de celui qui voudrait devenir un héros. Mon personnage n'a pas de sympathie particulière pour Salazar, il se laisse porter, jusqu'à ce qu'il rencontre un élément déclencheur en la personne d'un petit garçon, João**,** lui, véritablement, révolté - et il a de bonnes raisons : son père a été arrêté, jeté en prison, est traumatisé...
En amour, son cœur est anesthésié, jusqu'au moment où il rencontre la grande sœur de João, activiste. Elle éveille en lui de vieux souvenirs enfouis, et se révèle comme une deuxième chance pour entrer en résistance.
J'ai épousé une femme d'origine portugaise, ce qui m'a amené à m'intéresser à la culture portugaise, à l'histoire du Portugal. Et puis, au moment où je lis "Pereira pretend ", mon pays, la France, commence à être chatouillé par des tentations populistes, et j'ai envie de réfléchir à un scénario, ça me renvoie à moi, et à la question : qu'est-ce que je ferais si mon pays basculait dans un régime autoritaire ? Ca a déclenché en moi l'envie d'écrire, de scénariser pour la première fois, ca a commencé en 2005 où j'ai pris les premières notes. J'avais besoin de mûrir le sujet, d'acquérir une expérience scénaristique...
J'avais envie de traiter les zones de gris, il n'y a pas d'un côté les héros et de l'autre les salauds, on est souvent dans un entre-deux. Entre temps, des ouvrages parus sur le régime de Salazar, m'ont aussi permis d'alimenter mon récit d'anecdotes pour l'authentifier.
Programmation musicale
Carlos Paredes, Verdes Anos
L'équipe
- Production
- Réalisation
- Collaboration