Rencontre avec Bernard Marcadé,commissaire de l'exposition "Les infamies photographiques de Sigmar Polke", au BAL, à Paris
- Bernard Marcadé Historien de l’art et professeur d'esthétique et d'histoire de l'art, critique d'art, commissaire d'expositions
Mardi-expo
Tewfik Hakem s'entretient avec Bernard Marcadé, critique d'art et commissaire de l'exposition " Les infamies photographiques de Sigmar Polke", à voir au BAL, à Paris, jusqu'au 22 décembre 2019. Une présentation d'un ensemble de photographies inédites de l'artiste allemand, des années 1970-1980.
Sigmar Polke [1941-2010] est un artiste allemand contemporain dont l'oeuvre protéiforme comporte aussi bien de la photographie que de la peinture, du cinéma, des installations. Il fallait bien rendre hommage à la dimension corrosive de l'art de Polke, à sa mauvaise réputation, dans l'art de faire de la peinture comme de la photographie.
Publicité
Le titre de l'exposition nous vient de Borges, grand historien de l’infamie, avec son "Histoire universelle de l'infamie". C'est une collection qui appartient à son fils, Georg Polke, qui a déjà été montrée une fois en Allemagne. Tout est possible avec Polke, et ce qui relève de la vie privée ou de l'art est mélangé.
"Ce qui est extraordinaire, c'est le soin particulier avec lequel il s'occupait de ses tirages. Chaque photographie vue est un original"
Il n'y a aucune photographie qui renvoie à une peinture, c'est trois cents photographies autonomes. Tout l'art de Polke vient de quelque chose qui est déjà là : c'est un pop art européen avec une volonté de s'opposer au pop art américain. Tout ce qui est dans l'impression, dans l'imprévu, la tache, tout ce qui est dans l'accroche, l'accident - à la différence de Warhol - va intéresser Polke.
Ce qui est fascinant dans sa démarche c'est que cette mauvaise réputation liée à la photographie, il en fait son miel en quelque sorte ; il utilise la photographie avec des produits dérivés, des papiers pas toujours appropriés, comme il fait avec la peinture, utilisant des produits toxiques ou dangereux. : Polke veut que l'art produise de l'effet.
La photographie est une fantasmagorie par excellence. Polke s'est intéressé à la photo médiumnique - creuset formidable pour l'imaginaire. La photographie c'est ce qui fait apparaître des spectres, elle vient dès le départ dans la vie de Polke. N'oublions pas qu'il vient de Silésie. Polke n'est pas un pur Allemand, il déteste la pureté - c'est ce qui le distingue de son ami et compère, Gerhard Richter.
Programmation musicale
Hong-Kong Syndikat, Too Much (HP Hoeger Mix)
L'équipe
- Production
- Réalisation
- Collaboration