

Autour de l'exposition "Yan Pei-Ming, l'homme qui pleure", au Musée des Beaux-Arts de Dijon, avec l'artiste franco-chinois Yan Pei-Ming et son commissaire, Franck Gautherot
- Yan Pei-Ming Peintre
- Franck Gautherot Commissaire d'exposition, directeur du Consortium Museum de Dijon
Mardi -expo
Tewfik Hakem s'entretient avec l'artiste franco-chinois Yan Pei-Ming et Franck Gautherot, commissaire de l'exposition Yan Pei-Ming, l'homme qui pleure, au Musée des Beaux-Arts de Dijon ( jusqu'au 23 septembre 2019) et directeur du Consortium Museum de Dijon. Une exposition composée d'une trentaine d’œuvres de l'artiste, tel un journal intime ouvert sur la brutalité du monde, et qui rend hommage à sa mère et à ses amis récemment disparus.
Franck Gautherot
Il dit que depuis quinze ans sa peinture a beaucoup évolué, depuis son arrivée en France dans les années 80 et que cette exposition en témoigne. Quand il prépare une toile, il commence par fixer le sujet et ensuite, vient la peinture comme si l'image arrivait en premier, mais c'est fait en même temps. Il y a chez Ming ce côté très expressif mais l'expressivité de la touche est aussi dépendante du sujet et de la façon de le traiter.
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La peinture véhicule des émotions, d'où le titre "L'Homme qui pleure" qui renvoie à la fois, aux disparitions d'amis ou de parents proches - sa mère et d'autres personnes décédées dans les dernières années - mais aussi au drame du monde ; l'artiste pleure le monde qui va mal et il en assume la responsabilité d'une certaine façon.

Ming
C'est le hasard qui m'a mené à Dijon et je suis resté attaché à cette ville. J'y ai fait mes études, j'ai mon atelier là-bas. C'est une ville qui était stratégiquement propice pour moi, une ville moyenne avec une activité artistique à côté du Consortium. On peut voir des expositions et tous les artistes qui sont venus exposer à Dijon, je les ai rencontrés, je ne suis pas isolé.
Franck Gautherot
Le Consortium est un mot trouvé au départ qui veut dire "le coin du miroir". On a crée cela en 1977 - pour aller à Paris on mettait trois heures, trois heures et demie - on était des post-étudiants, et l'idée était de dire on va se donner les moyens pour faire venir des artistes, travailler, faire de expositions, et leur donner les moyens de faire apparaître des œuvres nouvelles. A partir de 1982, on prend un nouvel espace qui s'appelle le Consortium, c'était un magasin avec un très joli néon. On a gardé le néon et on a gardé le nom.
Ming
Allumez la télévision à 20 heures, les sujets sont sombres, catastrophiques. Pour moi, c'est une sorte de paysage contemporain. J'avais envie d'exprimer une sorte d'inquiétude. Quand je vois mes copains disparaître, ça me fait très mal. Oui, la mort est très présente dans mon oeuvre. Aussitôt qu'on naît, on est confronté à la mort, et pour les animaux c'est la même chose.
Franck Gautherot
La peinture selon Ming n'est pas une caresse, et cela qualifie son travail dans la façon de l'exécuter, ce n'est pas de "l'entertainment", c'est une chose grave. Son travail c'est des allers retours perpétuels entre sa biographie et l'état du monde. Comment un artiste peut à la fois, rendre compte de sa propre histoire - l'histoire de ses proches - et aussi, de l'histoire du monde, et comment ce dialogue, ces allers et retours peuvent s'exprimer dans une exposition. Avec des moyens - on pense notamment aux animaux qui tiennent une place importante dans son travail.
Programmation musicale
Chet Baker, Time after time (1954)

Actualité
Au Petit-Palais, exposition Yan Pei-Ming/Courbet, Corps-à-corps, du 12 octobre au 19 janvier 2020
L'équipe
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