François Vallejo: "La vérité est complètement multiple."

François Vallejo
François Vallejo - © Antoine Rozès
François Vallejo - © Antoine Rozès
François Vallejo - © Antoine Rozès
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Entretien avec François Vallejo, auteur de "Hôtel Waldheim" publié aux éditions Viviane Hamy, et chronique d'Oriane Jeancourt de la revue "Transfuge" à propos des prix littéraires.

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lundi - livre

Avec François Vallejo, auteur de "Hôtel Waldheim", paru aux éditions Viviane Hamy,  retenu dans la première et deuxième liste du Goncourt. Tout en évoquant à ses côtés le charme mystérieux de son roman, sa genèse, nous ferons un point sur les prix littéraires de l'année avant la remise, mercredi 7 novembre, du Goncourt, du Renaudot, et des autres prix de la saison. 

Extrait de "Hôtel Waldheim" de François Vallejo
Extrait de "Hôtel Waldheim" de François Vallejo
- © Editions Viviane Hamy

François Vallejo : Le roman est venu de l'envie de parler de ma propre adolescence, à ce moment de l'histoire, que j'ai vu ressurgir avec le thème des archives de la STASI qui on été ouvertes et reconstituées récemment. Tout à coup, pour moi, c'était une forme de reviviscence d'un passé à travers ces archives et j'ai voulu les  réinscrire dans l'histoire de ma propre jeunesse. 

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C'est toute la question qui va construire le roman : face à ses propres souvenirs qui sont assez anodins, innocents, à la fois joyeux et ennuyeux, on vient lui proposer d'un seul coup des personnages, des relations entre ces personnages qu'il est supposé avoir vus, puisqu'il a parlé avec ces gens, qu'il a vécu avec eux. Ces gens-là avaient une autre histoire que celle qu'il croit. On le soupçonne même d'avoir masqué sa propre connaissance des relations entre les gens pour se mettre à l'abri, pour s'innocenter de quelque chose qu'il aurait pu commettre.  

La vérité est complètement multiple. Il y a à la fois la vérité du souvenir - mais la vérité du souvenir, c'est forcément une erreur, c'est forcément partir de travers - et il y a la vérité d'archives, c'est-à-dire la vérité de textes écrits dès l'époque et qui paraissent, eux, authentiques, alors qu'ils sont peut-être encore plus truqués que la mémoire maladroite d'un simple humain. 

Le personnage est un révolté de ce temps mais c'était un révolté peut-être de jeu. L'époque aussi voulait qu'on soit révolté, j'en ai gardé au moins le regard ironique. Le fait de savoir me révolter, mais en sachant qu'il ne faut jamais se prendre trop au sérieux, même dans la révolte. 

Oriane Jeancourt, rédactrice  en chef littérature de la revue Transfuge

Le livre qui qui est vraiment pour moi un des trois meilleurs livres de la rentrée c'est "Les frères Lehman" de Stefano Massini (éditions Globe). C'est absolument stupéfiant, c'est écrit en octosyllabes, comme une épopée classique, dans une forme extrêmement fluide, extrêmement musicale, et avec quelque chose de grotesque, d'ironique. C'est bien ça la force de Stefano Massini: on a l'impression d'être à la croisée de Fassbinder et des "Monstres" de Dino Risi.

Programmation musicale:
Rangehn - Nina Hagen
No way out - Giovanni Mirabassi

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