Rencontre avec les auteurs Lou Darsan pour "L’Arrachée belle", et David Fortems pour "Louis veut partir". Pour l'un et l'autre, un premier roman.
- David Fortems Ecrivain
- Lou Darsan Ecrivaine
Lundi-Livre
Tewfik Hakem reprend sa sélection des premiers romans marquants de la rentrée littéraire. Rencontre avec Lou Darsan, pour L’Arrachée belle , publié aux éditions La Contre-Allée, et David Fortems, pour Louis veut partir, aux éditions Robert Laffont. Deux romans contemporains sur l'impossibilité de fuir son milieu social ou sur le prix à payer quand on se paye le luxe d'échapper à toutes les assignations.
Lou Darsan :
Je voulais que mon personnage, cette femme qui quitte tout ce qui fait son identité, ne puisse plus être définie par autre chose qu'elle-même et ce qu'elle ressent. C'est une forme de dépouillement total.
Je me définis comme écrivaine et nomade. Cela fait 3 ans que je voyage. Je suis toujours en mouvement entre deux points. Actuellement je vis dans un van aménagé qui me permet de voyager à travers l'Europe.
Extrait de L'arrachée belle :
L’humidité de l’aube se dépose sur ses épaules, à l’heure fraîche et pâle où le corps résiste à l’éveil. Elle s’accroche en vain au sommeil, trop de blancheur dans le ciel et de rosée dans les herbes, elle voudrait attendre le soleil, mais le froid s’installe, elle a dispersé les braises avant de s’endormir au bord du foyer, il lui faudrait un café, mais elle est seule au milieu de nulle part. Alors elle se lève et se défroisse, engourdie. La rosée a humidifié sa robe de coton qui colle au dos et aux cuisses, elle l’enlève en grelottant et la lance sous la voiture pour marcher nue dans la prairie, en évitant les chardons que le matin fait argentés dans l’or clair des graminées.
David Fortems :
Je pense écrire des vies que j'aurais pu vivre quelque part, ou que je n'aurais en l'occurrence pas eu envie de vivre. Je ne viens pas d'un milieu social favorisé. La volonté qu'a mon personnage, Louis, de s'en sortir, j'ai eu la même. Sauf que lui n'a pas pris les bonnes décisions, il a pris des directions qui ont mené à sa perte. Moi j'ai eu la chance de ne pas faire les mêmes erreurs parce que j'ai eu de l'aide. J'ai toujours eu des gens à qui parler, alors que Louis est résolument seul.
Je voulais montrer que la littéraure ne suffit pas. Les livres, malgré tout, ça n'est pas la vraie vie. C'est une aide merveilleuse, mais ça ne règle pas les problèmes. Un livre peut simplement provoquer le désir de demander de l'aide. Sinon il ne sert à rien.
Extrait de Louis veut partir :
Bogny-sur-Meuse, la petite ville des Ardennes où Pascal a toujours vécu, est une nouvelle ville, un regroupement de trois villages- Château Renault, Braux et Levrézy- qui en font une ville éclatée sans réel centre. La petite maison de Pascal se trouve sur les collines de l’ancienne Château Renault. Pascal court, l’air frais sur son visage. Il court. Il se débarrasse de sa veste de costume qui empêche ses gestes d’atteindre leur ampleur, la jette par terre avec colère, l’abandonne derrière lui. Il se débarrasse aussi de ses chaussures qui lui meurtrissent les pieds alors que son pantalon trop serré, qu’il s’était offert pour un mariage ou une communion, craque à l’entrejambe. Tout ce qui lui passe par sa tête, c’est cette question avec laquelle il faudra dorénavant se lever tous les jours : comment survivre à la mort d’un enfant qui a choisi de perdre sa propre vie ?
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