

« Avoir 20 ans en mai 68 » 2/5 avec le peintre Gérard Garouste qui était alors étudiant aux Beaux-Arts de Paris en 1968 et nous raconte la manière dont il a vécu les événements.
- Gérard Garouste artiste
À l'occasion des 50 ans de mai 1968, le Réveil Culturel propose de faire entendre toute la semaine le témoignage d’acteurs culturels qui avaient vingt ans en mai 68, à l’époque où les événements commençaient à tourbillonner autour du monde et bousculer les habitudes...
Aujourd'hui, mardi expo avec :
Gérard Garouste, artiste, pour trois expositions à Paris :
Zeugma, le grand œuvre drolatique aux
Beaux-Arts de Paris du 15 mars au 15 avril 2018
Zeugma à la
galerie Templon du 15 mars au 12 mai 2018
Zeugma, Diane et Acteon au
Musée de la chasse et de la nature du 13 mars au 1er juillet 2018.
Je pense que les étudiants en mai 68 étaient plus que concernés, ils étaient impliqués. Moi, j’étais concerné de très loin, perplexe, et je crois que c’est bien plus tard que j’ai vu les conséquences positives de mai 68, en médecine notamment. Mais aux beaux-arts, ce bordel m’emmerdait complètement. Ce qui m’intéressait par contre c’était l’atelier Brianchon qui sortait toutes ces affiches et je regrettais de ne pas être dans cet atelier avec cette activité intéressante et populaire. Grâce à mai 68, plus tard, les ateliers des Beaux-Arts ont été beaucoup mieux organisés, les artistes choisis pour enseigner étaient mieux également, il y a eu une véritable révolution que j’ai pu constater.
Dans la période de mai 68, il y a eu une remise en question. Aux Beaux-Arts, il y avait des ateliers soit figuratifs, soit abstraits. En tant qu’artiste, est-ce qu’il fallait qu’on continue à travailler avec ses mains ou est-ce qu’il fallait rentrer dans ce chemin de l’avant-garde dans lequel nous invitait Marcel Duchamp ? Pour ma part, dans ce tourbillon des avant-gardes comme dans le jeu de l’oie, il faut retourner à la case départ : finalement, qu’est-ce qu’un tableau ? J’ai préféré mettre Marcel Duchamp de côté et reprendre l’œuvre d’art, repartir à partir du siècle d’or de la peinture…
Pour moi, l’art est un tout : le passé, le présent et l’avenir. Je me nourris de mémoire, c’est ça la mythologie, mais les mythes sont universels et intemporels… En mai 68 j’étais un grand lecteur de Roland Barthes qui m’a rassuré sur la peinture. Les propos qu’il tient sur la mythologie c’est là ma réponse à mai 68, tout d’un coup en mai 68 on était tous géniaux on s’éclatait etc, je n’y ai jamais cru. J’ai vu une ouverture dans la manière dont Roland Barthes parlait des mythes, dans cette recherche par rapport à notre société dans une impasse, chacun essayait de trouver des ouvertures, mais celles qui se présentaient à moi comme les réunions aux beaux-arts, c’était rien. D’arracher des pages à des livres sublimes dans la bibliothèque des beaux-arts, je trouvais ça débile.

Je présente trois expositions réunies sur un même thème : Zeugma, ce qui veut dire le pont, le lien. Depuis toujours, et je l’ai emprunté à Roland Barthes, ce qui m’intéresse c’est l’espace qu’il y a entre deux tableaux, supposer un troisième tableau entre ces deux tableaux, cet entre-deux.
Musique du générique : Dominique Grange, Chacun de vous est concerné, 1968
Musique diffusée durant l'entretien : George Moustaki, Le temps de vivre, 1970
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