Kantemir Balagov: "Tesnota c’est la vie à l’étroit : l’étroitesse spirituelle et l’étroitesse géographique où sur un petit bout de terre, vivent énormément d’ethnies et de peuples."

Mercredi cinéma

Avec : Kantemir Balagov, réalisateur de Tesnota, une vie à l’étroit, en salles le 7 mars 2018 premier film

Tesnota, une vie à l'étroit, premier film  du jeune réalisateur Kantemir Balagov, est un coup de cœur partagé avec Michel Ciment de la revue cinématographique Positif:

"Kantemir Balagov m'a frappé par sa modestie et son absence de prétention qui est pourtant tellement fréquente chez les débutants. Il s'exprime bien, il a du bon sens. Le jeune réalisateur a toute la fougue de la jeunesse mais aussi une maîtrise formelle stupéfiante." 

Tesnota signifie "exiguïté" en russe. C'est un film sombre qui joue avec les codes du polar sans jamais être emprisonné du genre. C'est à la fois un thriller, une chronique des années quatre-vingt-dix, un portrait de femme mais surtout un film sur la montée des antagonismes ethniques et sur la famille, étouffante.

Synopsis

1998, Nalchik, Nord Caucase, Russie.
Ilana, 24 ans, travaille dans le garage de son père pour l'aider à joindre les deux bouts. Un soir, la famille et les amis se réunissent pour célébrer les fiançailles de son jeune frère David. Dans la nuit, David et sa fiancée sont kidnappés et une rançon réclamée. Au sein de cette communauté juive repliée sur elle-même, appeler la police est exclu. Comment faire pour réunir la somme nécessaire et sauver David.  Ilana et ses parents, chacun à leur façon, iront au bout de leur choix, au risque de bouleverser l'équilibre familial.

Rencontre avec Kantemir Balagov

"Tesnota c’est la vie à l’étroit : l’étroitesse spirituelle quand on est seulement occupé par nous-même; l’étroitesse de la famille lorsque les parents ne laissent pas les enfants s’émanciper; et enfin l’étroitesse géographique où sur un petit bout de terre, vivent énormément d’ethnies et de peuples."

Pour Kantemir Balagov, la famille est une petite cellule étatique. Ilana, le personnage féminin, lutte pour son indépendance et sa liberté au sein de cette famille. Mais la liberté absolue n’existe pas. Ilana se rend compte qu’elle a des obligations vis-à-vis de ces proches. Finalement, elle décide de se sacrifier pour faire plaisir à ses parents.

"Je voulais montrer la chute de l’URSS, tombé en 1991.  Pourtant dans les années 98/2000 les guerres de peuples voulant l'indépendance ont continuité. Je n'ai pas choisi cette période en vain.  il y a eu des guerres de peuples qui ont prétendu à leur indépendance."

"Le titre du film qui signifie «  à l’étroit », a influencé ma façon de filmer. C’est pour cela que j’ai choisi des cadres resserrés. J'ai joué aussi avec la dramaturgie des couleurs:  plus une couleur est dominante et saturée plus ça donne l’impression d’être à l’étroit. Je voulais mettre le spectateur à l’étroit, qu’il serre son fauteuil en regardant le film." 

Réactions russes

"Certains ont aimé, d’autres pas. Certains pensent que cela ne correspond pas à la réalité. D’autres pensent que cela s’est vraiment passé comme ça, qu'il fallait montrer cet aspect de l'histoire russe. D’autres m'ont reproché  d’avoir choisi cette période de notre histoire qui n’est pas la plus brillante à montrer. En fait, l’important c’est d’avoir soulevé des questions et provoquer des discussions. C’est l’essentiel."

Bande annonce

Sortie en salle le 7 mars 2018.