Kettly Mars : "Je suis dérangée par l’amalgame entre le vaudou, une spiritualité et un culte familial, et la sorcellerie"

Kettly Mars
Kettly Mars - Stéphane Haskell
Kettly Mars - Stéphane Haskell
Kettly Mars - Stéphane Haskell
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Entretien avec Kettly Mars qui explore le genre de l'épouvante dans une saga familiale haïtienne qui ausculte la culture vaudou et sonde la psychée humaine.

Avec

Lundi livre

avec : Kettly Mars, écrivaine, pour L’ange du patriarche, aux éditions Mercure de France.

Kettly Mars signe un roman qui explore un genre nouveau pour elle, un pari d’écrivain, celui de l’épouvante, et ausculte la culture vaudou au coeur d’une saga familiale haïtienne contemporaine au style très réaliste habitée par des esprits maléfiques et vengeurs... Sondant les psychologies de ses personnages face à leur relation au vaudou, elle met en scène la machination machiavélique que fomente un ange afin d'assouvir une vengeance sur une famille en y distillant le poison de l'inceste.

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L’idée n’était pas de faire du vaudou le point focal de ce roman bien qu'évidemment ça soit ma culture... Mais j’avais envie, comme écrivain, de peindre des risques et d’explorer un univers fantastique d’épouvante, de suspens, parler d’esprits maléfiques qui possèdent des gens, de cette insidieuse et sournoise invasion de l’esprit dans la vie de personnes se retrouvant face à des phénomènes qui les dépassent. Ca fait peur au lecteur mais ça fait peur à l’auteur aussi ! Je suis plutôt un auteur urbain mais là j’ai voulu aller dans l’au-delà, explorer les hallucinations, être à cheval entre la réalité et une certaine fiction qui dérange un peu, stimule, me remettre en question dans l’écriture.

Parfois, le vaudou vous « réclame », à l’origine c’est un culte familial, une spiritualité qui se vit en famille, on fait des services à des moments ponctuels de l’année, on invoque des esprits qui sont les lwa, les forces tutélaires d’une famille. Je vois ces esprits comme des vibrations, des forces que je capte et que je peux adapter à mon état d’esprit... Chacun le vit à sa façon, comme dans toute religion. Mais en tout cas je suis dérangée par l’amalgame vaudou et sorcellerie.

En Haïti nous sommes 10 millions mais plus de deux tiers de la population a moins de 25 ans, une population jeune aux influences nord-américaines qui a des problèmes d’identité, du mal à venir voir l’avenir... Je trouve intéressant de les mettre en avant, parler comme eux, entrer dans leurs corps, dans leurs pulsions, leurs besoins...

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