L'art du drapé ou comment cacher le nu pour mieux le révéler

Porte de Démeter, 1992
Porte de Démeter, 1992 - Ernest Pignon-Ernest © ADAGP, paris 2019 - Courtoisie Galerie Lelong & Co
Porte de Démeter, 1992 - Ernest Pignon-Ernest © ADAGP, paris 2019 - Courtoisie Galerie Lelong & Co
Porte de Démeter, 1992 - Ernest Pignon-Ernest © ADAGP, paris 2019 - Courtoisie Galerie Lelong & Co
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Rencontre avec le commissaire Eric Pagliano, à l'occasion de l’exposition "Drapé - Degas, Christo, Michel-Ange, Rodin, Man Ray, Dürer…", au Musée des Beaux-Arts de Lyon

Avec

Mardi- Expo 

Tewfik Hakem s'entretient avec Eric Pagliano, commissaire, avec Sylvie Ramond, de l’exposition Drapé_, Degas, Christo, Michel-Ange, Rodin, Man Ray, Dürer_, au Musée des Beaux-Arts de Lyon, jusqu’au 8 mars 2020. Une réflexion sur l'évolution de la représentation et des plis à travers le temps et surtout, à travers la peinture mais aussi, la sculpture, la photographie, la vidéo. Avec près de 250 œuvres de peintres, sculpteurs, photographes, vidéastes, de la Renaissance à nos jours - de De Michel-Ange à Ernest Pignon-Ernest, en passant par Raphaël, Poussin, David, Ingres, Moreau, Rodin, Picasso, Man Ray, Cartier-Bresson ou Cunningham...

DRAPÉ / DRAPER. "Les mots draperie et drapé font partie du vocabulaire des arts depuis la Renaissance. Ils sont définis ainsi dans la première édition du Dictionnaire de l’Académie française paru en 1694 : « [ce terme de draperie] signifie en termes de peinture, la représentation des étoffes & des habits ». La draperie est ainsi un vêtement (ou un tissu) représenté ou imité. Si le mot a été défini au XVIIe  siècle, cela ne veut pas dire pour autant que l’objet draperie n’existait pas au préalable. Toutes les périodes de l’histoire de l’art, toutes les civilisations et toutes les techniques artistiques sont en effet concernées. Quelle œuvre d’art ne comporte pas une figure drapée, en mouvement ou statique, un pan de draperie déployé au premier plan ou encore une tenture accrochée à l’arrière-plan ? "

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Cette exposition est unique en son genre, nous n'en avions jamais organisé aucune de cette ampleur auparavant. Il est vrai qu'il faut  des moyens budgétaires, intellectuels aussi, pour réunir toutes ces œuvres qui ont demandé plus de quatre ans. Toutes les civilisations toutes les périodes sont concernées par le drapé, donc il fallait faire des choix, suivre une problématique, et voyager dans les collections publiques et privées pour obtenir des prêts aussi bien en France qu'aux Etats-Unis. 

Study for the drapery of the Erythraeean Sibyl on the ceiling of the Sixtine Chapel
Study for the drapery of the Erythraeean Sibyl on the ceiling of the Sixtine Chapel
- Michelangelo © The Trustees of the British Museum - Musée des Beaux Arts de Lyon

Nous n'avons pas privilégié une présentation chronologique au sens historique du terme, on a choisi un autre angle, celui du processus de création.

"Comment les artistes mettent en place une forme drapée, une composition réunissant des figures drapées, de la Renaissance jusqu'à maintenant - on a des œuvres qui datent d'hier, réalisées pour l'exposition. Voilà le fil rouge qui a permis de réunir 248 œuvres ainsi que des vidéos"

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Le drapé est  quelque chose qui à la fois, cache mais aussi montre, révèle le corps nu. C'est tout une section de l'exposition d'ailleurs.   On souhaitait évoquer la question de la "survivance" -traduction française d'un mot allemand ; le drapé considéré comme accessoire cachant, montrant le corps, qui exprimait des passions, des émotions, avec pour point d'origine l'Antiquité, et puis, on a voulu également dépasser cette question de la "survivance" à travers celle de ce qu'on appelait "la survenance", c'est-à-dire comment les formes se mettent en place, sont étudiées.

"Les artistes, à travers les générations, ont su hériter et transmettre l'apprentissage de la forme drapée, on voulait suivre ce fil conducteur, réunir ainsi toutes les étapes de préparation d'une figure drapée.

Ce sont les trois parties de l'exposition, depuis les pratiques d'atelier - on entre (de manière métaphorique) dans l'atelier de l'artiste, on est dans la fabrique et aussi dans le geste - jusqu'à l'anatomie de la draperie - disséquer la forme drapée à travers le dessin, la peinture, la photo, on est au cœur même de la matière représentée, le tissu. 

Femme nue, debout, de profil, vers 1630 - 1650
Femme nue, debout, de profil, vers 1630 - 1650
- Charles le Brun © RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/ Thierry Le Mage

La draperie n'a pas de forme en soi, c'est le corps qui lui donne sa forme. Le nu est une forme formante, le drapé revêt le corps, et c'est le corps qui structure le drapé. C'est une injonction qu'on entend dès le XVe siècle, que pour représenter le drapé, il faut passer par le stade du nu - injonction qu'on retrouve sous la plume de tous les théoriciens jusqu'au XIX siècle.

Prou del Pilar dansant, 1934
Prou del Pilar dansant, 1934
- Man Ray © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN Grand Palais/ image Centre Pompid
Eric Pagliano
Eric Pagliano
- Musée des Beaux-Arts de Lyon, 2020

Catalogue d'exposition : Drapé. Degas, Christo, Michel-Ange, Rodin, Man Ray, Dürer… Éditions Lienart, 360 p., 44€.

Programmation musicale

Pierre Malar, Les draps qu'avait tissés ma mère

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