Le scénariste, réalisateur Abdel Raouf Dafri, pour son premier long-métrage, "Qu’un sang impur... "
- Abdel Raouf Dafri Scénariste, réalisateur
Mercredi-ciné
Tewfik Hakem s'entretient avec Abdel Raouf Dafri qui s'est fait connaître en tant que scénariste, notamment pour Un prophète, de Jacques Audiard et le diptyque de Jean-François Richet consacré à Mesrine. Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, Qu’un sang impur..., il aborde la guerre d'Algérie. Si le film ne convainc pas, il n'en reste pas moins emblématique sur la manière dont les Français d'origine algérienne abordent cet épisode de l'histoire. Avec la chronique de Michel Ciment, de la revue Positif.
Je suis français - un total produit occidentalisé. Je voulais savoir pourquoi mes parents viennent en 1963 à Marseille au lieu de se construire dans une Algérie indépendante. Ils étaient tous les deux analphabètes, mon père était un truand sans idéologie qui aimait De Gaulle, son truc, c'était l'argent, faire bouffer sa famille. Ma mère me disait : L'Algérie, c'est notre pays, la France c'est le vôtre, à vous de vous y faire.
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La guerre d'Algérie, je ne l'ai pas connue. Je suis né en 1964, elle s'est terminée en 1962, je n'ai aucune légitimité pour parler de sentiments. Ce qui m'intéressait dans cette aventure, c'était de parler de l'histoire de la France.
En grandissant, en arrivant dans le monde du cinéma, je me suis rendu compte qu'en France, avec mes pairs, il y avait un vrai problème avec l'Algérie, alors qu'en Algérie il n'y avait pas de problème, il y avait une totale résilience. Comme je suis un grand admirateur des films américains consacrés à la guerre du Vietnam, je me suis dit : les traumatismes de la guerre d'Algérie, je veux en faire un film.
On est en pleine guerre d'Algérie. Si mon film est violent, que dire de "Apocalypse now" ou de "Voyage au bout de l'enfer" ? La guerre d'Algérie était très très très violente -je montre, mais je ne démontre pas, je veux qu'il y ait un inconfort au niveau du spectateur pendant une heure quarante-neuf.
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Le Colonel Breitner, personnage central de mon film, est un rescapé de la guerre d'Indochine - il faut savoir que la guerre d'Algérie a été pire que la guerre d'Indochine. Je voulais que ce type qui s'est mal remis de ce traumatisme, arrive en Algérie et éprouve ce choc culturel, thermique, une atmosphère de barbarie totale.
"On est en 1960, année d'ensauvagement absolu, c'est la guerre sans logique de cesser les combats, jusqu'au bout, où la pire des fins justifie les moyens"
Peu de réalisateurs se sont attelés à la guerre d'Algérie, ou alors, à chaque fois c'était des pamphlets contre la guerre d'Algérie où l'on voyait les traumatismes de l'homme blanc mais les Arabes, les Algériens n'existaient pas. Dans mon film, on parle arabe, et les Algériens existent.
Avec la chronique de
Michel Ciment, de la revue Positif évoque deux autres premiers films, un bon et un mauvais (selon lui)
Coup de coeur : le premier film Séjour dans les monts Fuchun, du jeune réalisateur chinois de 26 ans au moment du tournage, Gu Xiaogang : "une saga familiale en même temps qu'une étude sociologique de la Chine et une référence à la peinture chinoise du 17e siècle. Un film exceptionel "
Coup de gueule : le premier film de Jeanne Balibar, Merveilles à Montfermeil : " Elle n'a pas compris qu'un film burlesque nécessitait une intense préparation"
Programmation musicale
Hana Belhout, _La Marseillaise__,_ chantée en arabe (extrait du film Qu’un sang impur...)
L'équipe
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