Rencontre avec Fatima Daas pour son premier roman, "La petite dernière", paru chez Notabilia.
- Fatima Daas Romancière
Lundi-livre
Tewfik Hakem s'entretient avec l'écrivaine Fatima Daas à propos de La petite dernière, paru aux éditions Noir sur Blanc, dans la collection Notabilia. Premier roman le plus remarqué de cette rentrée littéraire d'une jeune auteure de vingt-quatre ans, et construit en monologue tissé de fragments.
" Je m’appelle Fatima Daas. Je suis la mazoziya, la petite dernière. Celle à laquelle on ne s’est pas préparé. Française d’origine algérienne. Musulmane pratiquante. Clichoise qui passe plus de trois heures par jour dans les transports. Une touriste. Une banlieusarde qui observe les comportements parisiens. (...) J’ai fait quatre ans de thérapie. C’est ma plus longue relation. L’amour, c’était tabou à la maison. "
La petite dernière, ça raconte comment on se construit une identité dans une famille nombreuse. J'ai essayé de creuser cette complexité-là, la rencontre des identités, avec la place à l'école, la religion - comment on réussit à un moment donné à trouver un endroit dans lequel on se sent bien, on se retrouve un peu au calme.
C'est un roman. Il n'a pas été pensé comme un manifeste, je n'ai pas fait le choix d'écrire à cet endroit-là. Bien sûr, il touche des points sensibles mais j'ai essayé d'écrire. Tout court. Il n'y a pas de solutions dans ce roman, je ne crois pas que la littérature cherche à résoudre des problèmes.
" On écrit pour que ça existe, c'est tout "
La double vie que mène Fatima est complexe. C'est une élève qui a de bons résultats à l'école et en même temps, c'est une perturbatrice, une "ensauvagée" qui ne trouve de place ni à l'école ni dans son adolescence.
" La foi c'est à la fois, quelque chose qui nous élève et nous fait tenir, mais nous fait aussi du mal "
La forme dans l'écriture est venue progressivement. J'avais commencé par "Je m'appelle Fatima Daas", et je me suis dit ensuite que cela devait revenir tout le temps - comme pour habiter toutes ces identités contradictoires.
" On ne se rend pas compte qu'on est musulmane et lesbienne jusqu'à ce qu'on vous le dise "
" (...) Je suis une pécheresse, je suis une menteuse " : dans la bouche de Fatima, la pécheresse c'est quelqu'un qui fait des erreurs, qui se trompe, qui s'égare. Est menteuse celle qui n'a pas le privilège de dire la vérité.
J'ai commencé à écrire avant de lire, pour raconter des histoires. Marguerite Duras est arrivée dans ma vie à un moment où je comprenais que j'étais en train d'écrire. Annie Ernaux aussi, est venue à un moment important. Ces écrivains, oui c'est une famille.
Programmation musicale
Le temps de l'amour, par Pomme, Waxx et Safia Nolin (2018) - reprise de Françoise Hardy/Jacques Dutronc
L'équipe
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