Rencontre avec Caroline Pozzo di Borgo, collectionneuse et commissaire d'exposition, à propos de l'exposition dédiée au mouvement post-graffiti et à la scène de l’East-village des années 80, au Château de Forbin, à Marseille
- Caroline Pozzo di Borgo Collectionneuse, galeriste et commissaire d'exposition
Mardi-Expo
Tewfik Hakem s'entretient avec Caroline Pozzo di Borgo, collectionneuse, galeriste et commissaire d'exposition, co-fondatrice - avec son mari, Stéphane Miquel - de deux lieux situés à Marseille et dédiés au mouvement post-graffiti et à la scène de l’East-village des années 80 ; le Château de Forbin et la GHOST Galerie.
L'idée était de montrer ces œuvres dans un endroit différent d'une friche ou d'un hangar - d'où ce château. Il appartenait au départ à la famille de Forbin - illustres aristocrates provençaux - puis, c'est un relais de chasse, et le lieu évolue au fil des siècles, jusqu'à sa structure actuelle. Les murs sont du 19ème siècle, mais la première pierre a été posée au 15e.
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" Le Château de Forbin est devenu un musée dédié au post-graffiti et à tous ces artistes considérés à l'époque comme une jeunesse vandale dans les rues de New-York "
Ce qu'on ne sait pas c'est qu'il y eut une première exposition graffiti en 1974 ; un sociologue avait vu sur ces rames de métro colorées dans New-York le signe d'une innovation artistique. L'exposition a eu lieu à Soho.
Cela fait une quinzaine d'années que nous collectionnons, mon mari et moi, des œuvres. J'ai toujours été fascinée par le graffiti - sur les murs, les bancs d'école… Et j'en suis arrivée au graffiti new-yorkais, à l'inscription pure qui commence sur une rame de métro.
Raconter une partie du "street art" avec 130 œuvres exposées pour comprendre l'évolution de cet art : de Dondi White à A-One, Rammellzee, Futura 2000, Phase2, Lady Pink, Lee Quinones, Fab5 Freddy, Daze, Crash, Richard Hambleton, Martin Wong, Don Leicht ou Henry Chalfant
De toutes les œuvres qu'on a pu voir de ces jeunes artistes de l'époque sur ces rames new-yorkaises, beaucoup, sont décédés. Ceux qui sont vivants continuent à exposer dans des galeries du monde entier. Certains sont cotés sur le marché de l'art.
C'est vrai qu'il y a un public depuis le début des années 80. Ces artistes qui ont commencé à New-York, sont partis, ont voyagé en Europe, ont fait partie des foires internationales, se sont fait connaître - Futura 2000 est l'un des premiers à être parti pour aller exposer en Asie. Ils ont fait évoluer leur art, de la bombe aérosol, à l'huile, à la toile, en un art non figé. Ils continuent dans leur mouvement à créer de nouvelles choses.
Lady Pink a été l'une des premières femmes artistes du street art, l'une des premières à aller dans les dépôts. Son œuvre qui date de 1981 est réalisée à la bombe aérosol, elle est d'une dextérité extrême. Elle avait 15 ans quand elle a commencé. Il ne faut pas oublier l'univers de violence dans lequel ces artistes évoluaient et que l'on retrouve, entre ce qu'ils vivaient au quotidien et ce qu'ils pouvaient mettre sur la toile.
Ce qu'ils veulent montrer, c'est la liberté, dans le sens où ils se sont affranchis des codes de l'époque, avec aussi, cette volonté de prolonger une jeunesse insouciante. On peut les rapprocher du pop'art oui, dans le sens où c'était un regroupement d'artistes. Beaucoup ont fréquenté Warhol, Basquiat… Au-delà du pop'art, c'était des artistes regroupés autour de leur art, dans une même ville.
Programmation musicale
Whodini, Freaks come out at night, 1984
Liens Château de Forbin
Ouvert toute l'année - Jours et horaires variables uniquement sur réservation. Renseignements par téléphone ou par mail (visite commentée). Adresse. Château de Forbin, 30 traverse Cavaillon,13011 Marseille
L'équipe
- Production
- Réalisation
- Collaboration