Marc Villard : "Barbès est un point d’aimantation pour tous ceux qui arrivent mais peu à peu l’immobilier les pousse à l’extérieur"

Des SDF roumains sous un pont de Paris en 2014
Des SDF roumains sous un pont de Paris en 2014 ©AFP - JOEL SAGET
Des SDF roumains sous un pont de Paris en 2014 ©AFP - JOEL SAGET
Des SDF roumains sous un pont de Paris en 2014 ©AFP - JOEL SAGET
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Entretien avec Marc Villard, auteur d’un polar qui dresse le portrait d’une communauté démunie, celle des « biffins », des vendeurs en tout genre aux frontières des puces de Saint-Ouen.

Jeudi polar

avec : Marc Villard, poète et écrivain, pour Les biffins aux éditions Joëlle Losfeld.

Les biffins se déroule à Paris dans l’un des derniers quartiers qui tolère les SDF, les accidentés de la vie, le 18ème côté Barbès. Un carré spécial a été créé porte de Montmartre où les biffins –ceux qu’on appelait avant les « chiffonniers », ces personnes souvent précaires à la recherche de petits objets usagés pour les revendre aux puces ou à la sauvette-, bénéficient d’une centaine de places gérées par une association. Cécile consacre sa vie aux déshérités et s’occupe des biffins quand le meurtre d’un SDF obscurcit son quotidien…

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J’ai vu qu’on faisait un pointage le soir pour compter le nombre exact de sans-abris, ce qui veut dire que leur nombre aurait plutôt tendance à augmenter.    
Ce que j’ai vu de récent c’est l’irruption de jeunes roumains qui n’ont vraiment rien, des mômes de 15 ans qui agressent ou piquent du fric pour vivre. Certainement ça déborde, comme dans ce livre, sur Saint-Ouen, la proche banlieue. Mais Barbès reste un point de chute idéal pour tous les Africains, les Maghrébins qui sont venus en France tout au long des années et savaient que c’était là qu’il fallait aller parce qu’on retrouverait des gens de même nationalité, c’était plutôt rassurant.

Barbès est un point d’aimantation pour ceux qui arrivent, notamment d’Afrique, mais peu à peu l’immobilier les pousse à l’extérieur. Les biffins dont je parle sont organisés porte Montmartre mais d’autres se sont fait virer par la police et les riverains quand ils s’installaient sous le métro aérien à Barbès. Actuellement il y a des réflexions qui se font pour essayer d’édifier un autre carré de biffins du côté de Château Rouge.

À mes débuts j’ai écrit beaucoup de poésie, durant une dizaine d’années, et quand j’ai décidé de passer à la fiction, j’étais moi-même un gros lecteur de série noire et je ne me suis même pas posé la question, le polar était une littérature de combat, on n’était pas là pour faire de l’"entertainment" mais au contraire pour rentrer dans le lard de la société et mettre en avant ce qui n’allait pas plutôt que de vivre dans un bonheur factice.