Marseille contre Netflix

Changement d'adresse, d' Emmanuel Mouret (2006)
Changement d'adresse, d' Emmanuel Mouret (2006) - Le Club Shellac (programmation 2021)
Changement d'adresse, d' Emmanuel Mouret (2006) - Le Club Shellac (programmation 2021)
Changement d'adresse, d' Emmanuel Mouret (2006) - Le Club Shellac (programmation 2021)
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A l'heure des salles de cinéma fermées, émergence de plateformes comme Le Club Shellac et sa proposition de films d'auteurs. Lancée par des distributeurs indépendants basés à Marseille, cette plateforme de visionnage par abonnement propose entre autres programmes trois films sur la cité phocéenne

Avec
  • Thomas Ordonneau Distributeur, fondateur du Club Shellac
  • Hadrien Bels Romancier

Mercredi-Ciné

Tewfik Hakem s'entretient avec Thomas Ordonneau, fondateur du Club Shellac, producteur de films, distributeur, éditeur, qui propose depuis la mi-janvier 2021 une offre VOD par abonnement, dont la programmation puise dans le cinéma indépendant international et mêle films de référence ou raretés, et souvent inédits en France. Avec la participation de l'écrivain marseillais, Hadrien Bels qui commente pour Le Réveil Culturel trois films sur Marseille disponibles sur cette nouvelle plateforme.

Pendant le confinement, la résistance contre Netflix s'est armée de plusieurs offres de films d’auteurs. De la plateforme de streaming Mubi, pionnière du genre, au Club Shellac récemment lancé depuis Marseille, on peut trouver de quoi soigner sa cinéphilie en ligne. Soit gratuitement via Arte.fr ou Henri, la plateforme de la Cinémathèque Française, soit par abonnement, comme la Cinetek qui propose des films à la location ou à la vente, choisis par des réalisateurs connus, Carlotta et son Vidéo club de films de patrimoine, Mubi ou Le Club Shellac. 

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Thomas Ordonneau (directeur du Club Shellac)

Ca n'a rien d'un métier opportuniste, c'est un projet de longue date qui cherche à réfléchir aux nouvelles portes qu'on peut ouvrir pour un cinéma qui traverse de plus en plus de problèmes de représentation dans les salles. En plus, d'être producteur, distributeur, éditeur, on est aussi exploitant - on aime le cinéma - on a d'ailleurs une salle, La Baleine, à Marseille (dont parle Hadrien Bels dans son roman).

" La salle de cinéma est au cœur de toutes choses quand on parle de films mais n'empêche en rien l'émergence des plateformes "

Depuis des années, chaque nouveau media - que ce soit le VHS, le DVD ou les chaines payantes - n'a jamais empêché les gens d'aller au cinéma. La particularité du Club Shellac est d'être sur une offre plus précise, peut-être plus minimaliste, avec une intention de programmation : douze films par mois avec un renouvellement de trois films par semaine.

Qu'est-ce qui réunit ces films ? Le nom de l'auteur ou encore, une thématique - en tous cas, faire en sorte qu'il y ait une intention dans notre façon d'amener les films et qu'ils se tiennent les uns avec les autres. On y trouve à la fois le cinéma new-yorkais indépendant contemporain, les "Mille et Une Nuits" de Miguel Gomes, un programme "Marseille, vieille dame indigne" avec trois films qui se passent à trois époques différentes, trois films aussi d'Emmanuel Mouret, un auteur qu'on adore, qui fait un cinéma très ouvert et très signé à la fois.

Dans la programmation du Club Shellac : " Marseille vieille dame indigne " , avec L’Heure exquise, de René Allio (1981), Lettre à la prison, de Marc Scialom (1969), Marseille, de Angela Schanelec (2004)

Hadrien Bels (romancier)

Dans le films de René Allio, L’Heure exquise, on retrouve des images de Marseille qui sont assez incroyables, avec des plans de la ville, Le Panier, le port autonome, tout ça filmé de manière pas du tout esthétisante - j'aime moins la voix off qui enfile un peu les perles. Mais il reste quand même un grand réalisateur, avec des choses ratées ou très intéressantes comme la manière par exemple dont il filme les quartiers nord. Un Marseillais ne peut pas rester insensible à ces images.

Lettre à la prison, de Marc Scialom (1969), c'est un film de fou, il est sauvé en 2009 et remarqué par la presse. Ca se passe dans le Marseille des années 60-70, c'est très pasolinien, très "Accattone" ou " Mama Roma" sous opium, entre le néo réalisme italien et la Nouvelle Vague, avec un personnage qui débarque à Marseille de Tunisie, et on le suit dans ses errances à Marseille. Et la ville, on la voit un peu comme dans un rêve… 

Le Club Shellac présente
Le Club Shellac présente
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