Michel Bouquet : 93 printemps en compagnie des grands auteurs

Michel Bouquet
Michel Bouquet ©AFP - Joël Saget
Michel Bouquet ©AFP - Joël Saget
Michel Bouquet ©AFP - Joël Saget
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Le comédien Michel Bouquet est l'invité du Réveil Culturel pour sa lecture des fables de Jean de La Fontaine, à écouter dans un livre audio. Il est accompagné par Ulysse Di Gregorio, directeur artistique du projet.

Avec

Lundi-livre

Tewfik Hakem s'entretient avec le comédien Michel Bouquet, à l’occasion de la parution de Michel Bouquet lit les fables de Jean de La Fontaine (éditions Audiolib). L’immense comédien raconte comment, en 1939, alors collégien solitaire et souvent au piquet, il va trouver sa voie à travers le théâtre et les textes des grands auteurs.

Jean de La Fontaine, c'est toute une partie du 17e siècle qui est la plus vénérable, la plus extraordinaire pour un homme de culture ; le grand Siècle. C'est un représentant du Grand Siècle, familier, agréable, charmant, et en même temps, d'une lucidité prodigieuse et d'une aménité totale. C'est sûrement un des plus grands hommes de ce Grand Siècle. C'est un très grand écrivain. 

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C'est quelqu'un qui réunit tout le monde dans quelque chose de très français, c'est le miracle de la compréhension du français, de ce qu'est le français, c'est une lucidité extraordinaire, et en même temps, c'est une compréhension de tous ces petits défauts qui accompagnent ces grandes qualités. Il comprend tout, il admet tout, et il condamne aussi. C'est un être très simple, d'une moralité exemplaire, c'est un être parfait. Et dans son cas, ça ne fait pas peur du tout. 

Pour mieux regarder le réel, pour être contemporain de toutes les malversations possibles, pour tenir le coup, être comédien m'a paru comme une distraction totale. J'avais noté l'adresse d'Escande, Sociétaire de la Comédie-Française, très grand doyen, je suis allée le voir un dimanche matin au lieu d'aller à la messe, et j'ai commencé à réciter une poésie de Musset. Il m'a dit : c'est bien, vous avez une très bonne voix. Je vais à mon cours au théâtre, venez avec moi, vous verrez ce que c'est qu'un cours de théâtre. J'ai attendu trois heures, je voyais tous ces gens qui passaient des scènes, qui travaillaient, je me disais :  c'est drôle, ils ne font que ça, ils ont la chance d'avoir un théâtre avec un rideau qui se lève, ils s'amusent entre eux, c'est l'exode, cette période terrible, et ils ne font que ça.

J'avais quatorze, quinze ans. Escande est allé voir ma mère, il lui a dit : il faut que ce petit fasse du théâtre. Ça va aller. Son père sera content, quand il rentrera de captivité, de voir que son fils fait ce métier.

Le laboureur et ses enfants. Illustration des fables de Jean de La Fontaine. 1830-1840.
Le laboureur et ses enfants. Illustration des fables de Jean de La Fontaine. 1830-1840.
- J.G. Grandville - Wikipedia

Ulysse di Gregorio] A travers cette sélection de fables - un choix fait seul - j'avais mon idée de ce que j'avais envie de prendre chez La Fontaine ; des contes licencieux à la drôlerie, il y a tout chez La Fontaine, tous les sentiments humains confondus, et dans ce réservoir, j'avais envie de puiser. Il a fallu prendre une couleur en particulier, j'ai voulu la couleur de la poésie, de l'amitié, sortir de l'ennui. Le fil conducteur est un fil très baudelairien ; finalement ce sont deux poètes qui se sont inscrits dans leur modernité et ont amené leur siècle, au fond, à jouer un rôle dans la modernité.

Programmation musicale :

Claude Debussy, extrait des Préludes pour piano, Les collines d’Anacapri. EloÏse Bella Kohn, au piano ( 2018)

Michel Bouquet et Ulysse Di Gregorio, pour Le Réveil Culturel, 2019
Michel Bouquet et Ulysse Di Gregorio, pour Le Réveil Culturel, 2019
© Radio France - Corinne Amar

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