Rencontre avec la commissaire d'exposition Marianne Mathieu autour de la figure du peintre Piet Mondrian connu pour ses peintures abstraites aux lignes épurées, et à découvrir pour sa période figurative dans l'exposition qui lui est consacrée, au Musée Marmottan Monet, à Paris
Marianne Mathieu (Directrice scientifique du musée Marmottan).
Mardi-expo
Tewfik Hakem s'entretient avec Marianne Mathieu, commissaire de l'exposition Mondrian figuratif. Une histoire inconnue, au Musée Marmottan Monet, jusqu'au 26 janvier 2020, qui donne à voir une soixantaine de peintures - paysages, portraits, peintures de fleurs - sélectionnées par Mondrian (1872-1944) lui-même vers 1920 pour son plus grand collectionneur Salomon B. Slijper, et révèlent cette face méconnue de l’artiste hollandais.
"Ce n'est pas une œuvre de jeunesse, c'est une œuvre de maturité, et les œuvres présentées sont surprenantes parce que figuratives mais elles figurent au rang des chefs-d’œuvre"
Ce sont des peintures éclatantes de couleurs, de diversité, de dynamisme. Mondrian est un grand peintre figuratif, il n'a pas fait de la figuration à dix-neuf ans pour ensuite, devenir un peintre abstrait : Mondrian est figuratif jusqu'à cinquante ans, et c'est ce qu'on voit dans cette exposition.
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On voit le meilleur de ce Mondrian figuratif - toutes ces toiles ont été choisies par Mondrian lui-même pour qu'elles soient acquises par un de ses collectionneurs et qu'il les lègue à un musée. On voit bien qu'il y a un parcours chronologique, que Mondrian ne va pas du noir à la couleur, de la figuration à l'abstraction, mais que le tout s'entremêle.
"La même année, Mondrian peut peindre un moulin d'un rouge éclatant sur un bleu nuit dérangeant, et une peinture cubiste avec des camaïeux de gris où la couleur est mise entre parenthèses "
C'est un chercheur, et c'est un artiste qui fait preuve d'une ouverture d'esprit qui est tout sauf iconoclaste. L'exposition présente des œuvres qui vont principalement de 1891 - il a 19 ans - jusqu'à 1920 - il a 50 ans, et Mondrian est un peintre figuratif jusqu'à 50 ans. Il n'est pas quelqu'un qui va renier sa peinture de jeunesse, au contraire, c'est quelque chose qui se vit dans la continuité.
Mondrian, tous les jours de sa vie jusqu'à sa mort, le matin quand il se levait, de la même manière qu'un musicien fait ses gammes, peignait une rose.
Il meurt en 1944, aux Etats-Unis. Lorsqu'il s'y installe, il arrive les mains nues, et la majorité des œuvres qu'il produira là-bas sont des œuvres abstraites. C'est le moment aussi où l'on écrit l'histoire de l'art, et cette histoire va dans le sens de l'abstraction, avec des impasses artistiques, tels l'impressionnisme et Monet ou le Mondrian figuratif mis au purgatoire par les historiens de l'art parce que ces derniers considéraient que Mondrian figuratif n'était pas Mondrian. Or, Mondrian n'a jamais opposé la figuration et l'abstraction.
C'est une exposition avec une réunion d'oeuvres-clés qui sont un enchantement, une occasion absolument unique de parcourir avec Mondrian ce cheminement, où le peintre cherche la force expressive de la couleur, avec des touffes de rouge, de jaune d'un tel rayonnement qui font que ce principe du rayonnement devient le curseur de l'oeuvre.
Programmation musicale
John Zorn, _Menken,_2005
En savoir plus : Mondrian, acrobate de la peinture
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