

La réalisatrice Nadine Labaki est l'invitée du Réveil Culturel, à l'occasion de la sortie de son film, " Capharnaüm. "
- Nadine Labaki Réalisatrice.
Mercredi-ciné
Dans son troisième long-métrage Capharnaüm, Nadine Labaki suit dans les rues de Beyrouth un gamin réfugié qui tente de survivre. Sur fond d'exode massif de Syriens fuyant la guerre, le film a provoqué une polémique lors de sa présentation en sélection officielle du dernier Festival de Cannes où il a obtenu le Prix du Jury. Sans faire l'unanimité, chef-d'oeuvre pour les uns, mélo misérabiliste pour les autres. La réalisatrice libanaise s'explique.
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Le film a commencé par le titre, par une observation de ce qui se passait autour de nous, tous les thèmes qui me travaillaient à ce moment-là ; le travail des enfants, le trafic d'humains, le problème des réfugiés dans le monde, le fait d'avoir des papiers pour prouver qu'on existe, la situation des migrants dans mon pays, l'esclavage moderne, tout ça. A un moment, je me suis dit : on vit dans un capharnaüm.
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C'est sûr qu'on veut régler ses comptes avec la justice, au Liban ; il y a ce désir de questionner la justice, le système ; rien ne va plus, donc inconsciemment oui, nous sommes poussés à requestionner.... Et ça s'est fait de manière instinctive.
L'émigration africaine au Liban, c'est un autre problème que je voulais explorer, avec ces gens qui cohabitent, partagent ce pays, et vivent de manière clandestine, parce que ces femmes pour y vivre doivent être parrainées, ne peuvent vivre en dehors de ce parrainage, sous l'emprise d'un parrain ou d'un employeur. C'est une espèce d'esclavage moderne que la société cautionne sans questionner.
Je voulais parler des vies et des problèmes qui se côtoient dans ces ceintures de misère qui entourent nos cités, nos pays. Ce sont des gens qui vivent les mêmes combats, ce sont des problèmes qui se côtoient. Un être humain qui n'a pas de papiers n'existe plus, quelle absurdité ! Ils finissent alors par vivre en marge, deviennent des invisibles.
On me parle d'esthétisme de la misère, je ne sais pas ce que ça veut dire, je trouve ça blessant. La vérité et la réalité sont bien pires que ce qu'il y a dans le film.
Il y a cette tendance dans le cinéma français à la retenue. Retenir une émotion. C'est un mot qui me donne des allergies. Je n'ai pas peur de mes émotions, au contraire, je cherche ça.

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