Natacha Atlas à l'ombre des divas du monde arabe

Jeudi-Musique

Tewfik Hakem s'entretient avec la chanteuse belge d'origine égypto-anglaise, Natacha Atlas, à l’Institut du Monde Arabe, au cœur de l'exposition qui réunit grandes actrices et cantatrices du monde arabe,   Divas, d’Oum Kalthoum à Dalida (à voir jusqu'au 26 septembre 2021). La chanteuse évoque la sortie de son tout nouvel album, The Inner & the Outer, enregistré chez elle à Londres, pendant le confinement. Avec la participation d'Elodie Bouffard, co-commissaire de l'exposition.

Natacha Atlas

Cet album est né en réaction immédiate à cet isolement. Il fallait trouver un moyen de sortir, de faire de la création musicale, alors on l'a fait à la maison, séparés que nous étions de la famille, des amis, des musiciens. Je l'ai réalisé avec Samy Bishai.

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C'est nostalgique pour moi qui ai vu quand j'étais jeune tous ces films qui traversent l'exposition. Ils m'ont inspirée tellement. J'ai habité au Caire entre1996 et 2000. Quand j'ai commencé dans les années 90, ma prononciation de la langue arabe était un peu faible, j'ai voulu l'améliorer, j'ai voulu aussi étudier un peu plus la musique traditionnelle pour le chant.

" Oum Kalthoum, une force majeure, dans sa présence, sa voix "

Oum Kalthoum est l'une des premières chanteuses que j'ai écoutées, enfant, Sabah, elle, c'est une voix de montagne, j'adore la regarder même maintenant, Asmahan était l'énigme du Moyen-Orient, non seulement une chanteuse fabuleuse, elle avait du charisme et une voix d'ange et, en même temps, on disait qu'elle était une espionne, la Mata Hari du Moyen Orient. 

Et puis, il y a Fairouz ma chanteuse préférée, elle avait quelque chose dans la voix venu d'un autre monde qui me touchait beaucoup, j'ai fait des reprises de ses chansons, elle a quelque chose de tellement émotionnel, je pleure parfois de l'entendre, il y a de la joie dans sa voix et aussi, quelque chose de triste, c'est la nostalgie de tout ça, de ce quelque chose qui est passé…

Elodie Bouffard, co commissaire de l'exposition

L'idée de l'exposition est née il y a quatre ans, on travaillait avec des beatmakers sur une bande son pour une autre exposition, on a commencé à échanger sur ce patrimoine musical qui leur était cher ; on avait des musiciens qui venaient de Palestine, du Maroc, d'Algérie, tous happés par ce patrimoine musical - et notamment Fairouz, Asmahan, Oum Kaltoum, qui revenaient régulièrement dans leur discussion, et on a tout simplement tiré le fil de cette discussion, rencontré de jeunes créateurs, on s'est rendu compte combien cet héritage était vécu comme positif, rassembleur. 

" Ce projet est arrivé parce qu'il était très contemporain de ce qui se passait dans la société "

Ce projet est arrivé à l'envers, il est arrivé parce qu'il était très contemporain de ce qui se passait, des réflexions qu'on avait autour de la femme, de la place dans sa société, de son image, et également, de la place des femmes artistes. On s'est dit qu'il y avait une histoire fantastique à raconter, celle de ces femmes qui se sont battues, sont montées sur scène, qui ont à un moment incarné la fierté d'être arabes, et mobilisent aujourd'hui encore des choses très belles dans la création. 

" On s'est dit qu'il y avait une histoire fantastique à raconter, celle de ces femmes qui se sont battues, sont montées sur scène et qui ont à un moment incarné la fierté d'être arabes "

Ces femmes qui mobilisent aujourd'hui encore des choses très belles dans la création. Voilà comment ce projet est né.

Programmation musicale

Natacha Atlas , extraits de son album The Inner & the Outer, 2021
1. The Outer,

2. Inner sunset 

3. Oum Kelthoum Donne moi ma liberté 

4**. Sabah,** Allo Beyrouth

5. Asmahan, Mon amour viens voir ce qui m'est arrivé 

6. Warda, Qal 'iih bias'aluni