Nicholas Ray, le cinéaste des passions désenchantées

Denis Hopper et Nicholas Ray, dans L' Ami américain, 1977, Wim Wenders
Denis Hopper et Nicholas Ray, dans L' Ami américain, 1977, Wim Wenders - © Cinémathèque Française, Rétrospective Nicholas Ray 2019
Denis Hopper et Nicholas Ray, dans L' Ami américain, 1977, Wim Wenders - © Cinémathèque Française, Rétrospective Nicholas Ray 2019
Denis Hopper et Nicholas Ray, dans L' Ami américain, 1977, Wim Wenders - © Cinémathèque Française, Rétrospective Nicholas Ray 2019
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Dans le cadre de la rétrospective consacrée au cinéaste Nicholas Ray à La Cinémathèque Française, rencontre avec l' historien du cinéma, Bernard Eisenschitz

Avec

Mercredi-ciné

Tewfik Hakem s'entretient avec le critique et historien du cinéma, Bernard Eisenschitz, à l'occasion de la rétrospective consacrée au cinéaste des Amants de la nuit, de La Fureur de vivre, de Johnny Guitar et autres chefs-d'oeuvre, le cinéaste de la blessure et de l'adolescence écorchée, Nicholas Ray (1911-1979), pour le quarantième anniversaire de sa disparition. A La Cinémathèque Française, jusqu'au 28 septembre 2019. 

C'est un cinéaste qui a eu une trajectoire assez brève, qui a, en l'espace d'une douzaine, d'une quinzaine d'années, fait seize films, et puis ça s'est arrêté. Tous ses personnages sont des êtres fragiles, souvent meurtris, pour des raisons familiales ou non, avec quelque chose qu'on voit dans tous ses films : une sorte de blessure ou de fragilité. 

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Les Amants de la nuit, 1947
Les Amants de la nuit, 1947
- Nicholas Ray © Cinémathèque Française 2019

Nicholas Ray s'intéressait à l'intimité de ses personnages. Il vient d'expériences très multiples, de formations passionnantes les unes et les autres, avec un architecte, un romancier, avec le théâtre militant où il fait la connaissance de Kazan, avec l'ethnomusicologie, avec la radio, le jazz... 

"Ce qui l'intéressait c'était de faire entrer cette expérience très américaine dans les films ; conscient de ses codes, de ses règles, et, en même temps, avec toujours cette volonté de faire sauter la boîte de l'intérieur"

Il commence sa carrière en réalisant son premier film dans des conditions idéales, à partir d'un roman criminel d'Edward Anderson, Thives Like Us - Les Amants de la nuit (1947) - et avec des choix et des erreurs qui seront les siens. Le film est réalisé dans le genre des films noirs ; ce genre de l'après-guerre, de la désillusion de l'après-guerre caractérisé par un décor urbain ; la grande ville piège, et la violence. Ce qu'il fait avec ce roman, c'est un film qui se passe dans la campagne, dans le Sud pauvre, et dans le passé, celui de la Dépression, mais où chacun des taulards évadés essaie d'éviter la violence.  

" Les Amants de la nuit est à l'opposé du film noir qui se fait à l'époque, c'est un film sur la tentative de trouver sa place dans la vie, sur la tendresse, sur des corps, un film avec une grande sensualité " 

C'est un film tourné avec des non stars, et le film n'est pas accueilli à sa sortie. C'est là que commenceront les affinités entre la critique du cinéma français et Nicholas Ray. C'est un film de 1947, qui nous dit beaucoup de choses aussi de l'Amérique et de la crise de l'après-guerre.

Pour "Johnny Guitar" [d'après le roman Johnny Guitar de Roy Chanslor], avec Joan Crawford, Sterling Hayden, Mercedes Mc Cambridge, Ray fait un film de couleurs folles, avec un scénario relativement classique, mais sublimé par ses acteurs. Ensuite, il tourne "La Fureur de vivre" (1955), certainement son film le plus connu, celui qui a le mieux marché - un film sur la jeunesse, le fait d'avoir choisi un acteur comme James Dean pour l'incarner, réuni des ados pour les faire tourner ensemble.

Il faut aussi voir "Les Indomptables" avec Robert Mitchum et Susan Hayward ou encore, "La Maison de l'ombre", ce film noir, extrêmement insolite, il faut ne pas oublier "La Forêt interdite" un grand film de Ray, même s'il n'a pas pu le terminer.

Tournage de La Fureur de vivre, 1956
Tournage de La Fureur de vivre, 1956
- Nicholas Ray @La Cinémathèque Française,2019

Programmation musicale

Peggy Lee, Musique du film, _Johnny Guitar,_1954

Johnny Guitar (1953)
Johnny Guitar (1953)
- Nicholas Ray © La Cinémathèque Française

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