Rencontre avec l'essayiste Eva Cantarella à propos de la parution de son ouvrage "Les plus belles histoires d'amour de l'Antiquité, du ciel à la terre, de Zeus à César"
- Eva Cantarella Spécialiste de l'Antiquité, essayiste
Lundi-livre
Tewfik Hakem s'entretient avec l'universitaire et essayiste Eva Cantarella, à l'occasion de la parution de son livre Les plus belles histoires d'amour de l'Antiquité, du ciel à la terre, de Zeus à César, aux éditions Albin Michel, traduit de l'italien par Patrizia Sirignano. Les émotions ont-elles une histoire ? L’amour est-il un sentiment immuable ? Voilà un voyage dans le temps qui nous invite à revenir vers les Grecs et les Romains, ancêtres, à la fois lointains et proches, et nous renvoie aux amoureux les plus célèbres de la mythologie grecque. Avec la participation d'Aurélie Marcireau, rédactrice en chef adjointe du Nouveau Magazine littéraire, pour le numéro de décembre consacré à Albert Camus, à l'approche du soixantième anniversaire de sa mort - en partenariat avec France-Culture.
Est-ce qu'on peut écrire une histoire des émotions ? Elle évolue avec l'histoire, la culture, et les histoires justement, nous servent pour démontrer cela.
Prenons l'histoire d 'Hector et d'Andromaque, particulière, parce qu'ils sont mariés, qu'ils sont même amants. C'était un grand amour, Hector était le père et le mari parfait, mais après sa mort, sa veuve est assignée au fils d'Achille, captive et esclave dans la maison des meurtriers de son époux. Il tombe presque amoureux d'Andromaque, sa propre femme en est jalouse.
"Dans l'Antiquité, avoir une concubine était normal, la jalousie n'était pas de mise, c'était dans la culture"
Aujourd'hui, ce n'est pas seulement les lois qui ont changé. Avec les lois, les sentiments changent, les sentiments suivent la loi.
Les Grecs et les Romains sont très différents dans leur comportement. Chez les Romains, on avait le prototype de l'homme viril, du macho ; ils n'ont pas de femmes, ils les enlèvent - on pense aux Sabines, à l'épisode légendaire de l'histoire de Rome au cours duquel la première génération des hommes se procure des femmes en les enlevant aux autres villes de la région.
Le viol était très présent partout, en Grèce comme à Rome, mais dans la mentalité des Romains, c'est parce qu'ils étaient des conquérants. Les hommes de Pompéi ne faisaient que parler de leurs conquêtes, convaincus qu'ils étaient seuls capables de soumettre les femmes.
"César était un grand séducteur, le séducteur par excellence, aimé par les femmes et aimé par les hommes.
César me séduit, il était fascinant, intelligent, puissant, humain, sincère qui voulait montrer ce qu'il était. Lorsqu'il entrait dans les villes qu'il venait conquérir, les soldats disaient en chantant : - Cachez vos femmes !
La pédérastie grecque autorisait la relation passive, les Romains eux, ne pouvaient être soumis, ils devaient conquérir. Or César avait été l'aimé de Nicomède, roi de Bithynie, et ne pouvait le cacher. Cela l'a rendu justement plus puissant car il fut le premier à ne pas s'en cacher.
Programmation musicale
Maria Callas, J'ai perdu mon Eurydice - extrait Acte IV, Orphée et Eurydice, Opéra de Glück, 1961
Avec la chronique de :
Aurélie Marcireau, rédactrice en chef adjointe du Nouveau Magazine littéraire, qui évoque le dossier Albert Camus du numéro de décembre 2019 consacré à l'écrivain
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