Notre Dame de Paris et autres œuvres de jeunesse de Matisse

Mardi-Art

Tewfik Hakem s'entretient avec l’historienne de l’art, Hayley Edwards Dujardin, à l’occasion de la publication de Henri Matisse, un artiste à (re)découvrir en 40 notices, aux éditions Chêne, dans la collection Ca c'est de l'art - ouvrage didactique où elle évoque parmi les fameux tableaux du peintre, Henri Matisse (1869-1954), les moins " attendus ". 

Un chapitre du livre est consacré aux œuvres de jeunesse, œuvres moins connues du grand public, celles avec lesquelles le lecteur est le moins familier. On avait envie de montrer cela. Ce qui permet de comprendre la totalité d'une œuvre d'un artiste c'est de voir aussi les tâtonnements, les recherches, les expérimentations, et c'est toujours très intéressant.

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Il y a ce tableau "Notre-Dame, une fin d'après-midi", qui date de 1902, très beau parce qu'empli de couleurs, pas intenses ni franches, mais en une sorte de camaïeu qui nous emmène dans des tonalités assez émouvantes, de gris, de rosé, de bleuté, avec - comme souvent chez Matisse - ce motif de la fenêtre ouverte, face à cette majestueuse cathédrale. C'est une vue qu'il a de son appartement atelier, il ne détaille pas, c'est la couleur qui nous absorbe et qui définit toute la narration, le vocabulaire de cette toile.

" La couleur est le langage de Matisse, son dictionnaire "

Tout ce que raconte Matisse passe par la couleur. Il sculpte la peinture, on distingue des figures, mais ce n'est pas le trait, un dessin précis, c'est la couleur qui exprime à la fois le plaisir, et aussi une certaine forme de mélancolie.  

" L'homme nu " est dans une gamme chromatique assez proche. On a cet homme dans une posture debout et pourtant, avachi, comme rabougri. Sa posture n'est pas flatteuse. Matisse n'arrive pas à aller vers ce modèle masculin. C'est une étude pour une sculpture, il est grand admirateur de Rodin, il veut faire du Rodin, mais on saura plus tard que Matisse est beaucoup plus doué avec la courbe, le rond, le voluptueux, et là ce modèle géométrique, ça ne passe pas. On est en 1900, il est en train de se former encore. Il y a encore le poids de celui qu'il admire, en attendant le détachement.

" Nature morte avec livres et chandelle " est le troisième inattendu, qui date de 1890. On y voit cette pile de livres sur une table avec un journal, une étoffe imprimée, une chandelle éteinte. On sent vraiment l'élève, il faut former sa main, son œil, néanmoins, on voit déjà du Matisse ; l'étoffe, les livres aussi dont les tranches s'empilent - qui deviennent un motif - et rappellent les coloris de l'étoffe. Son style commence à poindre, et il y a des échos de ce qu'il deviendra plus tard.

Archive

Qu'est-ce qui fait qu'on préfère un tableau par rapport à d'autres ? Le célèbre historien de l'art, le regretté Daniel Arasse explique, en 2003, pour une série enregistrée pour France-Culture sur Matisse  pourquoi il a été touché entre autres œuvres par La danse (1909) d'Henri Matisse. 

Centre Pompidou

Henri Matisse, Comme un roman

En attendant la réouverture du Centre Pompidou, découvrir l'exposition «  Matisse, comme un roman » ! avec Aurélie Verdier, commissaire de l’exposition. Un parcours qui célèbre le 150ème anniversaire de cet  immense artiste moderne, à travers dix œuvres phares, choisies parmi les 230 œuvres et 70 documents et archives présentés.