

Tewfik Hakem s'entretient avec l'historien de l'art, Pascal Bonafoux, à propos de l'exposition " Renoir père et fils. Peinture et cinéma " au Musée d'Orsay, qui propose un autre regard sur cette exposition et publie "Les 100 tableaux qui racontent Renoir", aux éditions Chêne.
- Pascal Bonafoux Romancier et historien d'art
Mardi-expo
Quelques années avant sa mort, le cinéaste Jean Renoir écrivait dans Ma vie et mes films ( éd. Flammarion 1974 ) : « J’ai passé ma vie à tenter de déterminer l’influence de mon père sur moi ». Le Musée d’Orsay entreprend de répondre à cette question à travers l’exposition Renoir père et fils. Peinture et cinéma, jusqu’au 27 janvier 2019, explorant les deux œuvres, celle du père, Pierre-Auguste Renoir, le peintre (1841-1919) et celle du fils, Jean Renoir (1894-1979). Notre invité, l’historien de l’art, Pascal Bonafoux émet des réserves sur cette mise en parallèle et s’en explique.
L'exposition est, me semble t-il, un somptueux malentendu. Le père, Pierre-Auguste Renoir, affirme dans les propos qu'il a pu tenir, quelque chose qui me parait fondamental : " Nous, impressionnistes, avons débarrassé la peinture du sujet ". Et à quoi joue l'exposition ? A nous rabâcher des sujets, rien d'autres que des sujets ; c'est "La Balançoire", c'est un pique-nique, au bord de l'eau, etc. C'est pas le propos.
Publicité

Il y a une différence fondamentale entre le père et le fils. Bien sûr, que le fils a une admiration sans bornes pour son père - comment se défaire d'un tel génie - mais l'essentiel est ailleurs ; c'est que les toiles de Renoir sont faites pour être vues dans le calme, dans la sérénité, le temps immobilisé de la peinture, et le cinéma, c'est des images qui bougent. C'est une totale contradiction avec le cinéma.
Pendant des siècles, la peinture, comme la sculpture, a eu pour fonction d'être immobile comme pétrifiée. La raison d'être de la peinture, c'est d'être dans un temps qui échappe au temps, un passage en dehors du temps. La peinture de Renoir est essentiellement une peinture du bonheur de vivre. Il y a une élégance chez le père comme chez le fils, cette exaltation du bonheur est un thème cher à l'un comme à l'autre.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Toute la Nouvelle Vague a eu pour Jean Renoir une immense admiration. Si, du coup, il donnait envie de revenir à Pierre-Auguste Renoir et à l'immobilité dans la peinture, ce serait formidable.
Programmation musicale :
Cora Vaucaire, La Complainte de la Butte
Archive. La voix de Jean Renoir à propos de son père, dans "Mémorables", sur France-Culture (1958).
L'équipe
- Production
- Réalisation
- Collaboration