Rencontre avec l'’historien de l’art Pascal Rousseau, autour de l'hypnose et des pratiques artistiques qui lui sont liées depuis la fin du dix-huitième siècle, à propos de l’exposition "Hypnose" au Musée d’arts de Nantes
- Pascal Rousseau Professeur d’histoire de l’art contemporain à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Mardi-Expo
Tewfik Hakem s'entretient avec Pascal Rousseau, historien de l’art et commissaire de l'exposition, Hypnose au Musée d’arts de Nantes ( dans le cadre des décisions annoncées par le gouvernement, le musée est pour l'heure fermé). Il évoque pour nous quelques grandes lignes de l'histoire culturelle de l’hypnotisme, de Mesmer (1734-1815) à aujourd’hui, et surtout les liens entretenus entre l'histoire de l’hypnotisme et les pratiques artistiques.
"L’hypnose endort, l’hypnose fait peur, l’hypnose amuse, et n’est pas souvent convoquée dans les musées, probablement pour ces trois raisons. Pourtant, l’hypnose est omniprésente, de manière délibérée ou inconsciente, dans le champ de la création". Parcours d'une exposition - de Gustave Courbet à Auguste Rodin, Salvador Dalí ou Fritz Lang - qui couvre tout le champ des arts visuels et vivants
L'hypnose est une forme de transe. Son âge d'or, c'est les années 1890-1900, avec l'époque de Charcot et le moment où il fait entrer en scène l'hystérie. Très rapidement, les artistes s'emparent du phénomène, il y a un vrai débat. L'hypnose devient un vrai sujet.
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Ce qui m'intéressait, c'est d'interroger la modernité. On parle de magnétisme animal, au départ. A l'origine, c'est un médecin venu de Vienne, Franz Anton Mesmer, qui est persuadé que tous les maux viennent d'un fluide dans le corps, qui circulerait mal [la maladie résulterait d'une mauvaise répartition de ce fluide dans le corps humain et la guérison revient à restaurer cet équilibre perdu].
Mesmer a vraiment ouvert cette voie, et ses disciples ont suivi. Avec son baquet à magnétiser, il reçoit tout Paris. Les médecins le condamnent en 1784. Il est banni, ses disciples reprennent cette affaire et la font basculer du côté de l'art.
Une exposition en deux temps : un parcours historique et artistique dans le Cube qui revisite quatre siècles tandis que, dans la Chapelle de l’Oratoire, l’artiste américain, Tony Oursler, propose une installation immersive
Les artistes voient dans l'hypnose le lieu de la performance ; en allant plonger le sujet dans des états seconds, l'hypnose donne à voir un lieu de fertilisation de l'invention artistique - non seulement, lieu de ressources mais aussi, possibilité de se réinventer soi-même.
L'exposition part de la fin du 18e siècle, va jusqu'à aujourd'hui, ouvre sur une deuxième exposition avec une installation entièrement nouvelle de l'artiste américain, Tony Oursler, dans la Chapelle de l'Oratoire, et dans un tout autre ordre ; celui du numérique. On entre dans un autre espace-temps.
L'exposition met en œuvre une grande diversité d’objets et supports (peintures, gravures, photographies, vidéos…), rythmée par des projections de films, de "Docteur Mabuse" au "Joueur" de Fritz Lang, "Anemic Cinema" de Marcel Duchamp…
Programmation musicale
I Monster, Heaven, 2003
L'équipe
- Production
- Réalisation
- Collaboration