

Le Musée International des Arts Modestes (MIAM) à Sète, fête ses 20 ans avec l’exposition " Psychédélices ": rencontre avec ses commissaires, Pascal Saumade et Barnabé Mons
Mardi-Expo
A Sète, Tewfik Hakem s'entretient avec les commissaires, Pascal Saumade et Barnabé Mons, dans le cadre de l'exposition Psyché-délices, à voir jusqu'au 9 janvier 2022, au Musée International des Arts Modestes (MIAM) qui fête ses 20 ans
" L’art modeste n’est ni un concept ni un mouvement. C’est un regard ; il montre ce que l’on ne regarde pas "
Barnabé Mons
Le psychédélisme, c'est une grosse passion depuis que j'ai douze ans, je suis devenu complètement fou de ça, et je revisite ces années-là depuis que je suis adolescent. Ca a commencé surtout avec la musique, puis les pochettes de disques, et venu plus tard l'envie de découvrir l'art psychédélique original, pas reproduit, pas manufacturé. De là, est naît le désir de Psyché-délices.
Pascal Saumade
Je suis plus âgé que Barnabé, j'ai connu la fin des festivals de 1972 et tout ce qui va avec. C'est une musique qui nous touche, et on avait envie, avec Délices, de montrer le côté ludique et non pas que l'aspect Sainte-Anne et psychiatrie. Et Délices aussi, parce qu'on est au MIAM. C'est une volonté de montrer des peintures, des dessins, des photographies originales, et de montrer surtout deux peintres - l'un jamais vu, l'autre très peu - qui sont Charles Dix et Serge X, les deux découvertes majeures de l'exposition. Nous ressortons aussi des photographies de François Lagarde qui a un fond de photos énormes ici.

Barnabé Mons
Parmi les précurseurs, on aurait pu commencer au Club des hachichins, puisque c'était un peu la même démarche, à travers un dérèglement des sens d'atteindre des états propices à la création ; on n'a pas présenté de choses du Club des hachichins parce qu'il y avait très peu de choses picturales, on a commencé plutôt avec Le Grand Jeu qui est un groupe dissident surréaliste qui utilisait l'éther, la morphine, entre autres, pour atteindre ces états de transe proches de la mort.

L'art psychédélique, souvent c'est un mélange de figuration, d'abstraction, et naturellement entre géométrie et chaos, souvent très rempli même si on a aussi des exemples de psychédélique le plus froid - comme celui de Robert Malaval, artiste des années 70.
Pascal Saumade
Les drogues sont présentes, pas toujours centrales, il y a des artistes qui n'en ont pas besoin, mais c'était la recherche en général d'un état second.
Barnabé Mons
Les artistes qui prenaient des drogues n'étaient pas sous influence pendant la prise. Ce sont des œuvres dites de réagrégation - pour utiliser l'expression de Henri Michaux, c'est-à-dire, exécutées par souvenir. Pendant le "voyage", les artistes ne sont pas capables d'exécuter des œuvres. Le plus souvent, c'est des œuvres d'après la prise, pour témoigner de ce voyage.
L'idée c'était de rappeler un peu l'origine scientifique du LSD, créé en laboratoire, en 1943 - le psychédélisme est un produit de laboratoire qui s'était échappé - un produit dans lequel il y avait beaucoup d'espoir de but thérapeutique précis qui fonctionnait plutôt bien, jusqu'à ce qu'un professeur de Harvard se mette à distribuer ce produit à ses étudiants. Les gouvernements ont arrêté la recherche et interdit les produits partout dans le monde. Aujourd'hui depuis une quinzaine d'années, dans les pays anglo-saxons, les drogues psychédéliques sont à nouveau étudiées, le débat sur les psychédéliques est ouvert à nouveau en France : l'animal est retourné en laboratoire.

Programmation musicale
1. Pink Floyd (1967), Matilda mother
2. Pink Floyd (1972), Any colour you like
3. Jimi Hendrix (1967), Burning of the midnight lamp

L'équipe
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