Amérique avec Gabriel Tallent et Philippe Djian

Gabriel Tallent et Philippe Djian
Gabriel Tallent et Philippe Djian ©Radio France - Christophe Ono-dit-Biot
Gabriel Tallent et Philippe Djian ©Radio France - Christophe Ono-dit-Biot
Gabriel Tallent et Philippe Djian ©Radio France - Christophe Ono-dit-Biot
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Les romanciers Gabriel Tallent et Philippe Djian sont les invités de Christophe Ono-dit-Biot à l'occasion de la parution de leurs livres respectifs : "My absolute darling" (Gallmeister, 464 pages) et "A l'aube" (Gallimard, 192 pages).

Avec

Aujourd'hui une rencontre au sommet autour de l’Amérique et ses excès, l’Amérique et ses fantasmes, l’Amérique et ses héroïnes aussi, entre celui qui est certainement le plus américain des écrivains français, Philippe Djian, qui fait paraître son nouveau roman A l’aube, situé à Nantucket, sur la côte est des Etats-Unis, et le nouveau phénomène littéraire de l’Amérique, Gabriel Tallent, qui avec son premier roman My Absolute Darling, encensé par Stephen King ou Kevin Powers, s’est imposé comme la révélation littéraire de 2017. 

"Le terme de chef d’œuvre est bien trop galvaudé mais il ne fait aucun doute que My absolute darling en est un". C’est signé Stephen King et c’est au sujet du premier roman de Gabriel Tallent, qui vient de sortir en France chez Gallmeister, traduit par Laura Derajinski. C’est une histoire terrible, l’histoire de Julia, alias Turtle, 14 ans, qui vit avec son père charismatique et violent dans les bois, sur la côte ouest des Etats-Unis, qu’elle arpente avec des fusils et différentes armes dont son père, Martin, lui a appris le maniement. Turtle, comme une tortue, animal à carapace, une carapace que Turtle, elle, a dû se fabriquer. Elle fait d’ailleurs en sorte que personne ne puisse la percer, notamment au collège, où l’on s’inquiète pour son avenir. Turtle est sauvage, il faut dire qu’elle est abusée par ce père qui lui fait endurer le pire. Jusqu’à ce que sa route solitaire la mène à rencontrer deux garçons, dont Jacob, avec qui elle se lie et avec lequel elle décide d’échapper à ce père armé et incestueux et faire l’épreuve de la liberté. My absolute darling est un livre brutal, dérangeant, mais c’est aussi paradoxalement un livre d’une grande beauté, notamment dans les descriptions de cette nature qui emprisonne dans sa richesse les rêves et le corps de Turtle. Et de ce père solide comme un roc et fêlé comme un monstre. C’est un roman aussi qui nous offre un portrait extrêmement violent d’une Amérique où l’on se replie sur la nature et où l’on se méfie des hommes, contre lesquels il faut s’armer. L'auteur a mis 8 ans pour écrire ce livre, c’est son premier roman, est-ce aussi un portrait de l’Amérique qu'il a voulu donner à travers Turtle, Martin, et ces survivalistes qui prèfèrent les bois à la civilisation ? 

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C’est en classe de seconde que le professeur de français de Philippe Djian, un dénommé Belvar, fait naître en lui la passion pour la musique et la littérature. C'est la nuit, dans une petite guérite d'autoroute, que le romancier a rédigé son premier recueil de nouvelles, 50 contre 1. Depuis, l’auteur de 37.2 le matin, adapté au cinéma par Jean-Jacques Beineix, a fait du chemin. Prix interallié pour Oh, scénariste de Elle, de Paul Verhoeven, l’un des films les plus remuants de l’année 2016, l'histoire de cette femme qui se lie avec celui qui l’a agressé, jouée par Isabelle Huppert, Philippe Djian a quand même trouvé le temps d’écrire avec A l’aube. Il paraît chez Gallimard. L’héroïne de son roman est plus âgée que celle de Gabriel Tallent, elle se nomme Joan, elle vient de perdre ses deux parents dans un accident et retourne vivre dans la maison familiale pour s’occuper de son frère autiste, Marlon, sur la côté est, au bord de la mer. Elle doit en plus assurer son double travail auprès de Dora, une amie de ses parents, qui tient à la fois une boutique de vêtements vintage et un réseau de call-girls, dont Joan fait partie. Marlon et elle se trouvent rapidement aux prises avec Howard, un homme autrefois proche de leurs parents, mais dont les intentions semblent désormais douteuses... 

Merci à tous les deux de participer à cette émission. On va parler évidemment de l’Amérique, des héroïnes américaines auxquelles ils ont donné vie, et du regard d’écrivain que l’un et l’autre, Gabriel Tallent parce qu'il est américain, et Philippe Djian qui a tout le loisir de l’observer d’un peu plus loin, portent sur elle. 

Les moments les plus durs et les plus terribles de ma vie étaient aussi des moments de grande beauté, Gabriel Tallent

La fiction permet de faire quelque chose du chaos complet qu'est la vie, Philippe Djian

Leurs choix musicaux :

  • Gabriel Tallent : "Come as you are", Nirvana
  • Philippe Djian : "Don’t wanna breathe", Kodak Black
La Grande table (1ère partie)
29 min