

LE TEMPS DES ECRIVAINS du samedi 23 février 2019
- Paul Fournel écrivain, président de l'Oulipo
- Andréa Marcolongo journaliste et écrivaine italienne
Cette semaine, une émission consacrée à deux légendes, l’une un peu plus ancienne que l’autre, deux légendes aujourd’hui réactivées par deux auteurs contemporains.
Guignol, cet insoumis.
La première, la plus récente, c’est celle de Guignol, petit bonhomme de bois très insoumis inventé au début du XIXe siècle par un canut au chômage, survivant de la Révolution, qui ne savait pas écrire mais qui savait sculpter, jouer, et captiver. Il s’appelait Laurent Mourguet (1769 - 1844), il aurait eu 250 ans aujourd’hui et, vampé par le personnage à qui il avait donné son visage et qui est devenu, lui, immortel, il est aujourd’hui bien oublié. Peut-être parce qu’« il ajoutait la petitesse de ses personnages à sa propre invisibilité », écrit Paul Fournel, oulipien en chef, qui le remet en scène, dans une langue relevée d’expressions de l’époque, du parler des canuts de Lyon, dans le très goûteux et énergique « Faire Guignol » (POL).
Jason à sa mesure
La deuxième, beaucoup plus ancienne, c’est celle des argonautes, qui voit l’intrépide et valeureux Jason s’embarquer, avec cinquante autres, à la recherche de l’énigmatique Toison d’or. Un mythe remis à l’honneur par Andrea Marcolongo, que nous avions reçue pour son vibrant plaidoyer pour le grec ancien, « La Langue géniale ». Avec « La Part du héros » (Les Belles lettres), qui s’accompagne, d’ailleurs, pour le centenaire des Belles Lettres, d’une nouvelle édition des « Argonautiques », le poème du III e siècle avant Jésus-Christ d’Apollonios de Rhodes, elle signe une réflexion sur l’amour et sur l’étrange proximité entre les mots « éros » et « héros », et s’interroge sur les leçons que ce voyage vers l’inconnu continuent à prodiguer à quelqu’un d'aujourd'hui. Par exemple, une invitation à découvrir sa propre mesure, la raison pour laquelle on est au monde, en écho au précepte grec « rien de trop ».
Rébellion.
Si la « légende », étymologiquement, est « ce qui doit être lu », comment expliquer aujourd’hui l’étonnante longévité de ces récits mythiques, et que Thésée ou Médée nous parlent encore aujourd’hui ?
Comment expliquer que Guignol fasse encore rire les enfants, pourtant si absorbés par leurs écrans ?
Serait-ce par la dimension de rébellion qu’ils incarnent ? Parce qu’ils parlent une langue plus valeureuse dont nous avons aujourd’hui besoin ?
Choix musical de Paul Fournel :"C'est nous les canuts" par Francesca Solleville
**Choix musical d'Andrea Marcolongo : "**Io che amo solo te " par Sergio Endrigo
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