Des écrivains partent sur les traces d'autres écrivains.
- Dominique Bona Membre de l'Académie française
- Jean Rolin Ecrivain et journaliste
Cette semaine, un « Temps des écrivains » que nous avons intitulé « la vie des autres ». Nous nous intéressons en effet au cas des écrivains qui partent sur les traces d’autres écrivains. Avec nous, Dominique Bona et Jean Rolin.
Dominique Bona, prix Interallié pour « Malika », prix Renaudot pour « le manuscrit de port-ébène », est aussi la biographe de romain Gary, de Stephen Zweig, de Berthe Morisot, des sœurs Rouart, muses de l’impressionnisme, ou des sœurs Heredia, qui enflammèrent les cœurs des écrivains Belle époque. Plus récemment, on lui doit un « Colette et les siennes », qui retrace la vie de l’écrivain et de ses trois amies les plus proches, artistes, libres, sans hommes, entre 1914 et 1916. Avec « Mes vies secrètes » (Gallimard), elle livre enfin la biographie de la grande biographe qu’elle est. Un récit intime où elle raconte ses rencontres avec sa « famille imaginaire », celles et ceux qu’elle a choisi de prendre pour sujets, autant qu’elle livre ses secrets de biographe, depuis de très mystérieuses bibliothèques jusqu’au pont ensoleillé d’un voilier croisant au large de Majorque.
Jean Rolin est l’auteur d’ « Ormuz », prix de la langue française, de « La ligne de front », prix Albert Londres, ou de « L’Organisation », prix Médicis. Mais on lui doit aussi de grands reportages en zones de guerre. On l’avait quitté du côté du Kurdistan sur les traces d’un drôle d’oiseau. Voilà qu’il en poursuit un autre, de drôle d’oiseau : le futur Lawrence d’Arabie, personnage central de son nouveau livre « Crac » (POL), ici saisi l’année de son vingt et unième anniversaire, en train d’entreprendre, en plein été, une marche de près de 1800 kilomètres, au Moyen-Orient, afin de visiter quelque trente-cinq châteaux-forts datant de l’époque des Croisades. Lors des trois étés précédant ce voyage, Lawrence avait parcouru la France à bicyclette, toujours à la poursuite de châteaux-forts à fin d’alimenter sa thèse de fin d’études à Oxford, consacrée à « L’influence des Croisades sur l’architecture militaire en Europe ». Dans ce livre, Rolin conte le voyage qu’il a accompli en 2017 et 2018 sur les traces de Lawrence et de ses châteaux d’Orient, dont le fameux krak des chevaliers, en Syrie, que lui écrit avec un « c », comme l’onomatopée « crac ».
On voyage, donc, dans ce temps des écrivains, mais pas seulement dans différents pays. On voyage aussi dans l’atelier de l’écrivain, au moment où il choisit son sujet. Romain Gary, Lawrence d’Arabie : se met-on dans les pas d’un autre parce que sa vie ressemble à la nôtre, ou un écrivain choisit-il toujours « d’autres vies que la sienne » ?
musique de Jean Rolin https://youtu.be/zi0RMzZ5kvQ
B.O du film Lawrence d’Arabie.
musique de Dominique Bona - Bob Dylan, Blowing in the wind
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