Jean-Baptiste de Froment et Caroline Lunoir

Caroline Lunoir et  Jean Baptiste de Froment
Caroline Lunoir et  Jean Baptiste de Froment ©Radio France - Chistophe Ono Dit Biot
Caroline Lunoir et Jean Baptiste de Froment ©Radio France - Chistophe Ono Dit Biot
Caroline Lunoir et Jean Baptiste de Froment ©Radio France - Chistophe Ono Dit Biot
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La crise politique par le roman

Avec
  • Jean-Baptiste de Froment auteur, haut fonctionnaire
  • Caroline Lunoir Avocate pénaliste et auteure

Aujourd’hui dans « Le temps des écrivains », une émission consacrée à la politique française, et même à la crise politique française, mais dans le roman, et par le roman. Avec deux auteurs en avant-première de la rentrée de janvier, Jean-Baptiste de Froment, et Caroline Lunoir.

Jean-Baptiste de Froment publie « Etat de nature », son premier roman aux éditions des Forges de vulcain, en résonance étonnante avec ce qui se passe aujourd’hui en France, entre mouvement des gilets jaunes et crise de la représentation politique. Peut-être parce que l’auteur est encore aux premières loges du pouvoir ? Membre du Conseil d’Etat, conseiller ce Paris, cet agrégé de philosophie est aussi un ancien conseiller de l’Elysée. Dans « Etat de nature », il raconte, précisément, et férocement, la vie politique française de l’intérieur, des conseillers en communication roulant en MG aux élus de province matois comme des maquignons (c’est eux qui le disent), et qui « à force de banquets, finissent par ressembler physiquement aux spécialités culinaires de leur circonscription. » Mais surtout, il en montre les redoutables mécaniques à travers la lutte entre, d’un côté, le roué Claude, (comme l’empereur romain qu’il voudrait être ?), qui exerce les mystérieuses fonctions de « Commandeur » de l’Etat ; de l’autre, la jeune Barbara Vauvert, jeune préfète débarquée par ledit Claude, et qui entend bien répliquer. Son roman regorge, en outre, de considérations sur la France, le pays de la nuit du 4 août 1789, où l’on a aboli les privilèges féodaux, mais qui est encore prêt, quand commence le roman, à sortir de ses gonds. Comme le dit l’un de ses personnages de puissant inquiet : « À tout moment, aujourd’hui comme hier, les gouvernés peuvent retirer leur consentement. Mes chers amis, n’est-ce pas effrayant de penser que l’ordre social – notre propre tranquillité – est ainsi suspendu au bon vouloir, au caprice de tous ces individus dispersés ? » Prophétique ?

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Caroline Lunoir publie, elle, « Première dame » chez Actes sud. Un troisième roman conçu comme le journal d’une épouse de candidat à la présidentielle, inspiré, de l’aveu de son auteur, par la dernière campagne. Marie, épouse dévouée, mère de quatre enfants, aimant jardiner et écrire quelques articles dans une revue, se retrouve mise en pleine lumière dans le sillage de son mari candidat de la droite. Ce journal rend compte, jour après jour, des états d’âme de celle qui regardait la politique de très loin mais qui va devoir, pourtant, en avaler toutes les couleuvres à mesure que les révélations de la presse et les affaires, intimes et financières, vont venir fragiliser son couple et le sanctuaire familial. Un chemin de croix ? Un portrait de femme fin et complexe, plutôt, dont les souffrances sont à l’aune de l’ambiguïté… 

Deux auteurs, donc, réunis pour parler de la façon dont ils ont fait de la politique la matière de leur roman, et de la « déconnexion » des élites un motif littéraire. Où ont-ils puisé toutes ces scènes vues ? Quelle est la part de satire ? Quelle était leur intention ? Peut-on parler d’une mission ? Et dans quelle langue, surtout, dire la politique pour ne pas désespérer les français ? 

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