Le romancier, essayiste et journaliste italien Claudio Magris est l'invité de Christophe Ono dit Biot à l'occasion de la publication de "Classé sans suite" aux éditions Gallimard.
Aujourd’hui, une émission placée sous le signe de ce que l’on appelait la Mitteleuropa, sous le signe de la guerre et de la paix, aussi, avec flèches paraguayennes et chars soviétiques, sous le signe du musée comme roman ou du roman comme musée, sous le signe du monde ouvert contre les frontières avec un écrivain qui les transcende toutes, puisqu’il est né en 1939 dans une ville traversée, lacérée par ces frontières, Trieste, au carrefour des cultures italienne, germanique et slave, et qui ne cesse de nourrir les méditations de l’écrivain...
Claudio Magris est romancier, essayiste, traducteur de Kleist, Schnitzler et Büchner, voyageur érudit, dans le temps et dans l’espace, éditorialiste, aussi, au Corriere della Sera, primé dans tous les pays : Prix Strega, le Goncourt italien, en 1997, Prix prince des Asturies en 2004, Prix de la paix des libraires allemands en 2009... Les français l'ont découvert, et aimé, avec Danube, journal sentimental, essai nourri de fictions où il suivait l’histoire et les mythes charriés par le grand fleuve, de la Forêt-Noire à la mer Noire. Il est aussi l’auteur d’une œuvre protéiforme où l’on trouve des romans comme Enquête sur un sabre ou A l’aveugle, et des essais comme Microcosme, qui font de lui l’une des figures majeures de la culture italienne et de l’humanisme européen.
Claudio Magris publie aujourd'hui un nouveau roman publié chez Gallimard dans la collection L’Arpenteur, intitulé Classé sans suite (traduit de l’italien par Jean et Marie Noëlle Pastureau). Plus qu’un roman fleuve, c’est un roman musée. Ou un musée roman. C’est peut-être, d’ailleurs la même chose. On y découvre Luisa, une femme dont l’histoire est très liée à la guerre, la deuxième guerre mondiale, Luisa Brooks, fille d’une juive triestine qui a traversé la shoah et d’un sergent afro américain arrivé dans la ville en 1945, un personnage héritier de deux tragédies, la shoah et la traite des noirs, et qui doit reprendre l’œuvre d’un personnage excentrique, illuminé, un triestin, lui aussi, qui s’était mis en tête de collectionner les armes de toutes les époques, de la hache au chars d’assauts, des cimeterres aux grenades à fragmentation, pour en faire un musée qui serait tellement chargé de mort qu’il convertirait tout le monde à la paix. Et le plus fascinant, c’est que cet homme a existé, qu’il a vraiment vécu à Trieste et avait un nom espagnol, et qu’il a considérablement abîmé la vie de sa famille en se ruinant pour acquérir ces armes…
Ce qui différencie l'Europe, c'est l'accent posé sur l'individu,
Je crois que la vie est plus originale que les plus grandes fictions,
Ce qui m'inquiète, c'est la perte du futur, Claudio Magris
Ses choix musicaux :
- Extrait de la "Sonate en la mineur K 3", de Domenico Scarlatti, interprété par Alexandre Tharaud
- "Der Erlkönig", de Franz Schubert, interprété par Dietrich Fischer-Dieskau (baryton)
- “Sometimes I Feel like a Motherless Child”, version de Paul Robeson (du 7 janvier 1926)
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