Pierre Bayard et Stéphane Malandrin ou les dévoreurs de livres

Pierre Bayard et Stéphane Malandrin
Pierre Bayard et Stéphane Malandrin - Christophe Ono Dit Biot
Pierre Bayard et Stéphane Malandrin - Christophe Ono Dit Biot
Pierre Bayard et Stéphane Malandrin - Christophe Ono Dit Biot
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Cette semaine deux mangeurs de livres. Un mangeur de livres confirmé, l’inénarrable Pierre Bayard, qui adore se faufiler entre les pages des grands textes pour les dévorer de l’intérieur et un débutant, Stéphane Malandrin, auteur d’un premier roman, "Le mangeur de livres".

Avec
  • Pierre Bayard professeur de littérature française à l'université de Paris VIII et psychanalyste, écrivain.

Cette semaine dans « Le temps des écrivains », deux mangeurs de livres. Un mangeur de livres confirmé, l’inénarrable Pierre Bayard, qui adore se faufiler entre les pages des grands textes pour les dévorer de l’intérieur, et qui signe « La Vérité sur dix petits nègres » (Minuit) et un débutant, Stéphane Malandrin, auteur d’un premier roman, « Le mangeur de livres » (Seuil). 

Vampire textuel

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Le confirmé, d’abord : Pierre Bayard, donc, professeur à Paris VIII, psychanalyste, et auteur de livres intellectuellement délicieux et délicieusement paradoxaux sur la littérature - c’est même le titre de la collection qui les abrite aux éditions de minuit, la collection « paradoxe ». Des livres qui nous ont appris, par exemple, à parler des livres que l’on n’a pas lus,  des lieux où l’on n’a pas été, ou plus précisément comment Voltaire a plagié Conan Doyle, ce que l’on appelle un cas de « plagiat par anticipation ». Des livres, encore, qui prétendaient améliorer Proust en supprimant des passages de La recherche, ou que derrière les monstres russes Tolstoï et Dostoïevski se cachait un monstre plus grand encore : Léon Fiodor Tolstoïevski. 

En 1998, il nous montrait qu’Agatha Christie s’était trompée de coupable dans son propre roman, « Le Meurtre de Roger Ackroyd ». Vingt ans plus tard, c’est à « Dix petits nègres » qu’il règle son compte dans le très malin « La vérité sur « Dix petits nègres » aux éditions de Minuit. Mais pourquoi s’en prendre une deuxième fois à un titre mythique d’Agatha Christie, à la façon d’un vampire textuel ? Qu’est ce qu’elle lui a donc fait ?

Empoisonné par un livre !

Le débutant, ensuite : Stéphane Malandrin, qui publie un merveilleux premier roman aux éditions du Seuil, « Le Mangeur de livres ». Il nous transporte à Lisbonne, au XVe siècle, juste avant la diffusion de l’imprimerie dans la péninsule ibérique, aux côtés de deux garnements, Adar et Faustino, presque frères, qui pillent les églises, l’un pour ses objets précieux, l’autre pour ses livres, de précieux codex dont il se nourrit. Oui, qu’il mange, au sens propre. Pourquoi ? Parce qu’un jour où ils étaient retenus en otage par un mystérieux prêtre, il a bien fallu se nourrir et ne pouvant plus attendre, Adar a boulotté le vélin d’un livre non moins mystérieux, et qui plus est empoisonné, dont l’ingestion l’entrainera dans un flot d’aventures et de métamorphoses, preuve qu’on ne dévore jamais les livres sans dangers. Mais qu’est-ce qu’il lui a pris de prendre l’expression « dévorer un livre » au pied de la lettre ?

La réponse est dans ce temps des écrivains où nous parlons, aussi, des liens entre la littérature et la nourriture, du fantôme d’Umberto Eco, du vampirisme littéraire, et évidemment, de Rabelais et d’Agatha Christie !

Choix musical de Stéphane Malandrin

Beethoven: Canon A 4 - 6. Es Muss Sein, WoO 196, Solists And Chamber Choir Berliner Singakademie, Beethoven: Complete Works [[Disc 79]] Canons, Epigrams and Jokes

Choix musical de Pierre  Bayard

La musique de la série « Cold Case », « Nara », interprétée par le groupe E.S. Posthumus, version longue : https://www.youtube.com/watch?v=8AEU5pBxY6E