Poètes avec Maurizio Serra et Frédéric Vitoux

Portrait de d'Annunzio
Portrait de d'Annunzio
Portrait de d'Annunzio
Portrait de d'Annunzio
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Maurizio Serra et Frédéric Vitoux sont les invités de Christophe Ono-dit-Biot à l'occasion de la parution de leurs livres respectifs : "D'Annunzio le magnifique" (Grasset), et "L'express de Bénarès : à la recherche d'Henry J.-M. Levet" (Fayard).

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Aujourd'hui une émission consacrée à l'excentricité, aux écrivains nimbés de légende, aux poètes oubliés aussi. Nous parlerons de Gabrielle D'Annunzio (1863-1938), poète, romancier, aviateur de combat, éphémère roi autoproclamé, homme à femmes, "une dent cariée qu’il fallait remplir d’or" disait de lui Mussolini, qui le stipendia, à quoi l’entretenu répondait comme un mantra, "baise la main que tu ne peux couper"; et de Henry Jean-Marie Levet, (1874-1906) poète et dandy lui aussi, figure du Montmartre bohème devenu consul, révéré par Valery larbaud et Leon Paul Fargue pour ses poèmes baptisés "cartes postales" aux accents laforguiens. Bref, cet après midi ce sera décadent mais sensible, ironique mais sincère, italien et Français avec les deux écrivains qui consacrent deux beaux livres à ces deux poètes, Frédéric Vitoux, et Maurizio Serra. 

Frédéric Vitoux et Maurizio Serra
Frédéric Vitoux et Maurizio Serra
© Radio France - Christophe Ono dit Biot

Romancier, biographe, critique littéraire, membre de l'Académie française, prix Goncourt de la biographie pour son Vie de Céline, Grand prix du roman de l’Académie française pour La comédie de teracina, Frédéric Vitoux consacre donc un livre à Henry Jean-Marie Levet, L’express de Bénarès, publié chez Fayard. Qui est Henry Jean-Marie Levet ? Un poète méconnu, un diplomate ayant occupé des postes de vice-consul aux Philippines puis aux Canaries, un homme dont les Cartes Postales éditées à titre posthume n’auront au fond été publiées que dans des revues littéraires et dont l’œuvre, manuscrits et lettres, fut détruite par ses parents. Un homme qui après avoir longtemps gravité dans les cercles littéraires parisiens, tourne le dos à sa carrière poétique en sollicitant, en 1902, un poste de vice-consul.
 Frédéric Vitoux écrit dans ce livre avoir "soupçonné" que Levet avait écrit ses Cartes Postales un peu à la blague, sans se faire trop d’illusions à leur endroit." Il dit ainsi: "Les faits auraient pu lui donner raison et Levet disparaître à jamais de toutes les mémoires. En vérité, sa fortune poétique n’a tenu qu’à un fil." A quel fil a donc tenu la "fortune poétique" de Levet, mais surtout, quel fil le relie donc, lui, à ce bien méconnu Levet ? 

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Après Malaparte et Svevo, Maurizio Serra retrace sur 700 pages le parcours littéraire, mais aussi politique d’une figure tout aussi singulière, capricieuse, un peu plus connue que Levet, peut être certains de nos auditeurs ont-ils lu, étudiant en lettres, "L’enfant de volupté" et se sont plus ou moins identifiés à Andrea Sperelli. Cette figure, c’est en effet Gabriele d’Annunzio, poète, romancier, pilote de guerre, "Comandante" d’une épopée romanesque et militaire, qui, en 1919, arracha la ville de Fiume au Royaume des Serbes, Croates et Slovène, et qui, au prétexte de la rendre à l’Italie, en fit un éphémère Etat libre. Un homme qui fut l'un des plus imité et jalousé de son temps, étudié par Borges ou Joyce, mais aussi nimbé d’une aura quelque peu sulfureuse lorsqu’on le rapproche de Mussolini pour lequel il a œuvré… Maurizio Serra retrace tout, ses conquêtes, amoureuses, militaires, ses combats, ses orgueils, ses vers, il replace chaque ouvrage d’Annunzio dans son contexte biographique en en livrant des analyses critiques qui rendent sa biographie très personnelle. D’Annunzio le Magnifique : cette appellation emphatique est-elle le reflet de la fascination qu’a exercé le poète sur des générations de lecteurs, jusqu’à Maurizio Serra lui-même