

LE TEMPS DES ECRIVAINS, émission du samedi 1er juin 2019
- Pascal Charvet helléniste et inspecteur général honoraire de l'éducatio nationale
- William Marx Professeur au Collège de France, titulaire de la chaire "littératures comparées". Ecrivain français, essayiste, critique et historien de la littérature.
Cette semaine dans Le temps des écrivains, nous parlons d’écrivains…antiques. Ils ne cessent, en effet, ces temps-ci, de revenir au premier plan, soit par le jeu des nombreuses traductions qui se publient (celle de « L’Eneide » par Frédéric Boyer chez Gallimard, ou celle du théâtre de Plaute par Florence Dupont aux Belles Lettres), soit parce qu’ils nourrissent comme jamais les écrivains contemporains - voir le très beau livre « Une Odyssée » de Daniel Mendelsohn, qui fut l’un de nos invités, ou les mots récents d’Erri de Luca sur Homère et sa définition de la Méditerranée comme « voie liquide » qui doit rester ouverte à ceux qui l’empruntent, surtout quand ils fuient la guerre. Pas un hasard, donc, si une anthologie des textes de la grande helléniste Jacqueline de Romilly, traductrice de Thucydide, et formidable passeuse de ces écrivains du passé, est paraît aujourd’hui en libraires.
Sappho, notre contemporaine
Avec nous, pour parler de ces auteurs toujours vivaces, Pascal Charvet, traducteur de la poétesse Sappho, spécialiste de la magie dans la littérature grecque, agrégé de lettres classiques, inspecteur général honoraire de l’éducation nationale et artisan avec Arnaud Zucker, Monique Trédé et Marion Bellissime de ce volume Jacqueline de Romilly intitulé « Emerveillements » (Robert Laffont/Bouquins). Un volume qui regroupe une demi-douzaine de ses grands textes, parmi lesquels son très beau Patience, mon cœur !, tiré d’un vers du chant XX de l’Odyssée, où Ulysse se fait cette injonction qui est l’une des plus anciennes expression littéraire du sentiment. Son livre sur le personnage homérique d’Hector figure aussi dans cette anthologie, autant que celui qu’elle a consacré à Alcibiade, elle qui disait que « notre époque se reconnaît volontiers en Alcibiade ; mais c’est d’Hector qu’elle a besoin ».
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Sophocle et Orhan Pamuk
Avec nous aussi, William Marx, l’auteur de « la haine de la littérature » (Minuit) l’un de nos plus brillants essayistes sur la littérature, qui vient d’être élu au Collège de France à la chaire de littérature comparée. Spécialiste de T.S Eliot ou de Paul Valery, il vient nous parler de son « Tombeau d’Œdipe » (Minuit), très stimulant essai sur la tragédie antique qu’il faudrait sauver de notre conception moderne de la littérature et du théâtre si nous voulons un peu la comprendre. Prenant pour fil conducteur la pièce de Sophocle, « Œdipe à Colone », et ce personnage tragique qui a influencé tant d’écrivains, jusqu’au dernier roman d’Orhan Pamuk (« La femme aux cheveux roux »), il y écrit : "Nous lisons les textes anciens avec cette idée d'un art autonome, à vocation universelle, détaché le plus possible de son contexte - des lieux, des temps et des dieux. Or, rien de cette conception-là n'existait à Athènes au Ve siècle avant notre ère." Bref, nous dit-il, progressant un peu à la façon d’un auteur de polar à la recherche de cet introuvable tombeau d’Oedipe, nous nous sommes encombrés de tout un tas de discours philosophiques, littéraires sur cette littérature dont nous n’avons plus que des restes, des ruines, ce qui nous met dans un état de méconnaissance totale de ce qu’elle était vraiment.
Calvino et la bibliothèque idéale
"Pourquoi lire les classiques ?", s’interrogeait déjà Italo Calvino en osant cette réponse : « Un classique est un livre qui n’a jamais fini de dire ce qu’il a à dire. » C’est ce que, en suivant son exemple, nous nous efforçons de vérifier dans cette émission, où nous avons aussi demandé à nos invités de nous donner les cinq ou six titres de leur bibliothèque antique idéale.
A noter que Les Belles Lettres publient aussi un inédit de Romilly, « Magie et rhétorique en Grèce ancienne », tirée de quatre conférences prononcées par elle à l’université de Harvard en 1974.
Choix musical de Pascal Charvet :
Angelique Ionatos et Nena Venetsanou : chanson n°3 “Grigora I ora” du disque Sappho de Mytilène
Choix musical de William Marx :
Première Ode Pythique de Pindare, dans Musique de la Grèce antique, Atrium Musicae de Madrid, Gregorio Paniagua, Harmonia Mundi, plage 14.
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