La crise sanitaire a accentué le phénomène de surfréquentation de certains espaces protégés, comme les parcs nationaux et régionaux. Cela présente pourtant un danger pour la préservation de l'environnement et interroge : peut-on véritablement concilier activités humaines et protection de la nature ?
- Michaël Weber Président de la Fédération des Parcs naturels régionaux de France et président du Parc naturel régional des Vosges du Nord
- Rémy Knafou Professeur émérite des Universités en Géographie de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
- Virginie Maris Directrice de recherche au CNRS en philosophie de l’environnement, au sein du Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive
"Victimes de leur succès". Alors que les déplacements des vacanciers sont encore limités, pour la deuxième année consécutive, les sites touristiques français sont pris d’assaut.
Dans les 11 parcs nationaux que compte notre pays, dans les 56 parcs régionaux français, la fréquentation explose. Prolongement d’une tendance et d’un attrait pour le tourisme vert initié au début des années 2010, bonne nouvelle pour l’économie locale... mais menace certaine pour l’environnement, la biodiversité, l’intégrité des écosystèmes concernés.
Pour limiter la casse écologique, des espaces décident de limiter l’accès aux touristes. Comme à Porquerolles, où une jauge d’accès a été fixée : 6000 passagers quotidiens sont désormais autorisés, alors que 12 000 venaient l’an dernier.
Alors : faut-il interdire l’accès à la nature pour mieux la protéger ? Sélectionner les activités humaines qui empêcheraient de lui nuire ? Ou compter plutôt sur la responsabilité individuelle et collective ?
Voici les questions qui traverseront, ce soir, Le Temps du Débat.
Pour en parler, nous recevons la philosophe Virginie Maris, le géographe Rémy Knafou et le président de la Fédération des Parcs naturels régionaux de France Michaël Weber.
Nous, dans les parcs naturels régionaux, on fait le pari que l’homme et la nature ne s’opposent pas. On plaide pour un nouvel humanisme de la nature. C’est-à-dire qu'on essaye d’éduquer et d’être des médiateurs entre ces hommes et ces femmes qui souhaitent, justement, se reconnecter avec la nature. On s’aperçoit qu’il manque ce lien de médiation parce qu’on met beaucoup de choses derrière ce mot, cette terminologie de nature sans vraiment savoir ce que c’est.
Michaël Weber
En Antarctique, c’est au nom de sensibiliser le public à des milieux en danger que l’on amène des personnes pour assister à la fonte de la banquise. Tout cela ne semble pas raisonnable, or c’est ce vers quoi nous allons, parce que les navires qui sont en mesure de fréquenter ces lieux sont de plus en plus nombreux. Voilà pourquoi je propose la sanctuarisation de ce type d’espaces.
Rémy Knafou
95% des touristes dans 5% des sites ça me fait en tout cas diagnostiquer qu’on n’est plus du tout dans un rapport possible avec la nature parce qu’on est dans une massification de la fréquentation qui elle-même a un impact sur les milieux (…) et qui dégrade également la possibilité qu’on a d’avoir une expérience de reconnexion, de sentiment de nature, d’harmonie avec le monde naturel.
Virginie Maris
Pour aller plus loin :
Tourisme : des forêts aux sommets, les parcs naturels découvrent la surfréquentation, article du Monde du 25/07/21
Tourisme : comment sauver nos vacances sans détruire la planète, article Slate du 05/04/21
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