À quoi servent les universités d'été ?

Olivier Faure à l'Université d'été du Parti Socialiste en 2021.
Olivier Faure à l'Université d'été du Parti Socialiste en 2021. ©AFP - GUILLAUME SOUVANT
Olivier Faure à l'Université d'été du Parti Socialiste en 2021. ©AFP - GUILLAUME SOUVANT
Olivier Faure à l'Université d'été du Parti Socialiste en 2021. ©AFP - GUILLAUME SOUVANT
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Tous, ils se réunissent tous, dans les jours qui viennent, un peu partout en France. Les partis politiques ne sauraient commencer l’année sans leur Université d’été ! Permettent-elles de faire le point sur les programmes ? Plus largement : que racontent les Universités sur l’état des partis ?

Avec
  • Rémi Lefebvre professeur de sciences politiques à l'université de Lille 2 et chercheur au Centre d'études et de recherches administratives, politiques et sociales (CERAPS).
  • Marine Tondelier Femme politique
  • Jonas Haddad Avocat, spécialiste des questions d'entreprenariat pour Les Républicains.

A quoi servent les Universités d'été des partis ? Recruter de nouveaux militants, rassembler et rassurer les membres déjà adhérents, diffuser des idées politiques, régler des conflits internes, ou simples manœuvres marketing et publicitaires pour les politiques ? Les Universités d’été sont-elles vraiment efficaces dans la réalisation de leurs objectifs ?

Plus largement, comment créer du débat dans les partis politiques ? Ces Universités ont-elles une portée uniquement symbolique ou permettent-elles réellement d’unifier le parti autour d’une même directive politique pour l’année à venir ?

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Enfin, les universités tendent-elles à disparaître chez certains partis ? Comment expliquer l’attachement à des partis à de tels rassemblements ?

Pour répondre à ces questions Quentin Lafay reçoit Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à l’Université de Lille, auteur notamment de "Faut-il désespérer de la gauche ?" aux éditions Textuel, Marine Tondelier, Conseillère régionale des Hauts de France, élue d'opposition à Hénin-Beaumont. Organisatrice des journées d'été des écologistes pour la 8e édition, Jonas Haddad Conseiller régional LR de Normandie.

Rémi Lefebvre relativise l'importance temporelle et symbolique de l'évènement des universités d'été. "Les universités sont moins utiles qu'autrefois, en effet aujourd'hui, il existe de multiples canaux permettant de voir d'avoir des points de contacts directs comme les chaines télégrammes ou WhatsApp en continu. Le fait de voir un politique est un peu plus diffus. Alors qu'il y a une vingtaine d'années, ce n'était pas le cas. À côté de ça, le paysage politique a été clairement éclaté. Avant, il y a avait l'université d'été de la droite et de la gauche. Aujourd'hui, on a des universités diverses même au sein des partis, il existe de multiples chapelles. Elles ont toujours leur utilité, mais elles ne sont qu'un des passages dans l'année au lieu d'être le grand passage de l'année." Il tente également de faire une histoire de cette structure politique. "Au départ, le concept d'universités d'été vient des États-Unis à la fin XIXe, il était conçu comme le fait d'ouvrir les universités aux étudiants pendant la période estivale. Puis il est repris par les partis dans les années 70. Ce sont les jeunes giscardiens tout d'abord qui vont mettre en place les premières universités. Puis cela se généralise d'abord à droite, le RPR en 1983, le PS en 1993, le PC en 1998. C'est devenu un rituel patoisant un événementiel partisan, une figure imposée. Ces dernières années, on a peut-être cru que le concept allait disparaître, LREM a au départ refusé d'en organiser avant de lancer les 'campus de territoires' en fin septembre. Véritable "sas" entre la trêve estivale, il a une fonction de sociabilité, c'est un moment aussi de formation et aussi une fonction de communication. C'est certes un moisent d'unité, mais aussi de fractionnement."

Marine Tondelier s'exprime sur les objectifs des universités, "Nous organisons ces universités en réfléchissant aux signaux que nous voulons donner pour note rentrée politique. Faire découvrir nos élus, c'est le plus important groupe de l'écologie politique. Ensuite, nous organisons des journées thématiques, autour de l'Europe ça nous sommes fédéralistes. Mais aussi des engagements de politiques internationales, nous aurons cette année le président du parti vert Ukrainien. On aura la chance d'avoir son témoignage. L'on a souvent eu comme cela pendants des journées d'université d'été des moments très poignants. Je pense à l'ambassadeur de Palestine en France à Bordeaux en 2014, nous avons aussi eu en Skype Julien Assange ou encore un élu en Ile-de-France afghan a lu l'année dernière un message d'une femme afghane après la chute de Kaboul. Ce sont donc des moments qui renforcent nos valeurs en tant que militants donnent à voir pourquoi l'on se bat et permettent aussi aux personnes qui interviennent que l'on est pleinement derrière eux. Mais pour vous donner des moments plus joyeux, nous allons cette année recevoir Alizé la jeune de 27 ans qui s'était enchainée aux filés de Rolland-Garros. Nous souhaitons célébrer son engagement."

Pour Jonas Haddad les universités sont un moment de division particulièrement à l'arrivée d'une grosse échéance. "nous sommes dans une année post-électorale, le contexte a changé. A l'époque on avait les images en tête de Sarkozy contre Villepin et de Copé contre Fillon. Lorsqu'on passait des mois à préparer l'évènement et que l'un des ténors du partis en venait à tirer à boulets rouges contre un autre leaders du partis l'ambiance n'était pas la meilleure. Ces moments conviviaux, étaient l'occasion de créer du buzz, aujourd'hui il est beaucoup plus diffus."