Libération de la parole : et après ? Passer de l’intime au débat public

Manifestation féministe à Paris
Manifestation féministe à Paris  ©AFP - Christophe ARCHAMBAULT
Manifestation féministe à Paris ©AFP - Christophe ARCHAMBAULT
Manifestation féministe à Paris ©AFP - Christophe ARCHAMBAULT
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Apparus successivement depuis 2017, les mouvements #Meetoo, #Meetogay et #Meetooinceste prônent une libération de la parole des victimes de violences sexuelles. Comment ces mouvements ont-ils réussi à voir le jour ? Qu’ont-ils en commun ? Comment convertir une parole intime en acte politique ?

Avec

Se mettre en danger. Parler de ce qu’ils et de ce qu’elles ont vécu, des injustices, des agressions, des viols, des sévices dont elles ou ils ont été l’objet. Briser un secret. Lever un tabou. Dénoncer. Avoir le courage, au fond, de se raconter.

Le mouvement #MeToo, et tous ceux qui s’inscrivent dans son sillage, ont un cœur commun : le récit de l’intime. Tous se sont structurés par et grâce aux récits des femmes, des homosexuels, des personnes transgenres, des personnes racisées ou des enfants qui ont subi des viols ou des agressions.

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Tous sont partis de ce qui ne pouvait être dit, de ce qui ne devait être révélé.

Mais comment le discours sur soi – le discours personnel – peut être à l’origine d’un combat collectif – d’un combat politique ? Quels sont ses limites et ses dangers ? Comment la somme des récits intimes parvient à former un mouvement ? A créer un débat ? A transformer la société ?

Pour en débattre, nous recevrons l'autrice et militante féministe Axelle Jah Njiké, l'économiste et femme politique Sandrine Rousseau, le vice-président de SOS homophobie David Malazoué et la philosophe Marylin Maeso

4 min

La dimension politique de ce combat n’est pas encore entendue et n’est pas encore comprise […] Je pense que c’est compris comme une somme de discours privés, et surtout je crois qu’il y a une volonté de ne pas voir la dimension politique, parce que cela arrange tout le monde, parce que ça permet de laisser les choses telles qu’elles sont.      
Sandrine Rousseau

Quand vous êtes une personne noire, l’intime a toujours été politique. On ne m’a pas donné le luxe de dissocier les deux ; tout cela est poreux. A partir du moment où je suis une femme noire, j’ai été inscrite de manière globale comme un être politique […] Est-ce que l’intime est politique, est-ce que le politique est intime, je ne me pose même pas la question. Pour moi c’est la même chose !      
Axelle Jah Njiké

Il y a vraiment une complémentarité entre le milieu associatif et les réseaux sociaux […] Aujourd’hui le travail de statistiques n’est pas fait par l’Etat ; ce sont donc en particulier les associations qui se chargent de faire ce travail. A partir des témoignages que nous recevons sur les réseaux sociaux, agrège ces témoignages pour en faire un outil militant […], pour offrir des chiffres aux hommes politiques mais aussi pour montrer au grand public les situations vécues par les personnes.      
David Malazoué

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