
En s'effondrant il y a tout juste un an, les deux immeubles de la rue d'Aubagne ont relancé le débat sur le mal-logement à Marseille et en France. La fondation Abbé Pierre alarme : logements insalubres, surpeuplés, voire pas de logement du tout, comment repenser de manière plus profonde l’habitat ?
Guillaume Vuilletet (Député LREM, vice-président du groupe LREM à l'Assemblée nationale, membre de la Commission des lois, membre de la mission d’information sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie), Karine Bonjour (journaliste, documentariste, a écrit Rue d’Aubagne. Récit d’une rupture (Parenthèses 2019),), Christophe Robert (Délégué général de la Fondation Abbé Pierre).
Huit morts, plus de 3500 évacués : les effondrements de trois immeubles dans la rue d’Aubagne il y a un an ont profondément touché la ville de Marseille en son cœur. Mais d’une telle catastrophe urbaine ne peut demeurer circonscrite à la seconde ville de France. Elle interroge le pays tout entier sur le mal logement et l’insalubrité de nombreux immeubles dans toutes les villes de France.
Alors que vient de commencer la trêve hivernale, peut-on dire que des leçons ont été tirées des effondrements de la rue d’Aubagne ?
C’est vraiment un point de bascule dans l’histoire contemporaine de Marseille. Outre la rupture technique, qui a eu lieu concernant ces deux immeubles effondrés, on peut parler d’une rupture politique, démocratique, sociale qui s’opère actuellement et dont l’onde de choc se prolonge aujourd’hui encore. Karine Bonjour
Dans les difficultés, il y a la profusion de ce que l’on appelle « les polices administratives », qui gèrent le problème, mais aussi le fait que beaucoup d’autorités très différentes interviennent : l’Etat, parfois le préfet, parfois le maire, parfois la commune et dans quelques cas l’intercommunalité. Je pense qu’il est nécessaire qu’il y ait un chef de file, pas forcément le même partout d’ailleurs. Guillaume Vuilletet
On est face à une situation qui était connue, un rapport (…) avait pointé 40 000 logements au sein de la ville qui posent problème, au titre de l’insalubrité, de l’indignité, l’indécence du logement etc. Tout à coup, cette insuffisance chronique de réponses publiques pendant plus de vingt ans nous a sauté à la figure, avec une catastrophe innommable. Avec cette catastrophe qui fait huit morts, on découvre à la face du monde une réalité extrêmement violente. Christophe Robert
Il faut des capacités d’actions pour le signalement comme pour le suivi social, juridique. Il ne suffit pas de faire une loi pour que les signalements arrivent en justice, il faut qu’il y ait des gens qui accompagnent. Christophe Robert
Pour aller plus loin
Un an après l'effondrement, quel bilan ?
- Rue d'Aubagne, un an après : délogés, travaux, mesures... le triste constat du collectif du 5 novembre, France Info, le 05/11/2019
- Un an après le drame de la rue d’Aubagne, la crise se poursuit à bas bruit à Marseille, Le Monde, le 04/11/2019
- Relogement après le drame de la rue d'Aubagne à Marseille : ne plus poser "des rustines psychiques", La Provence, le 19/10/2019
Réactions face aux pouvoirs publics
- Réquisitoire contre « ceux qui ont maltraité Marseille », Le Monde, le 04/11/2019 [Abonnés]
- Effondrement à Marseille : « Nous appelons les pouvoirs publics à cesser le mépris et l’incompétence », Le Monde, le 29/01/2019 [Abonnés]
Analyses :
- Dossier : Un an d’enquêtes sur l’habitat indigne, Marsactu
- "De l'indignité à l'habitabilité" du logement : ce que dit le rapport Vuilletet, Batiactu, le 09/10/2019
- Effondrement dans la rue d’Aubagne à Marseille : à l’instruction, experts en série et courriers sans réponses, Le Monde, le 04/11/2019 [Abonnés]
- « Réinventer le logement social : notre outil commun pour faire la ville de demain », Rue89, le 03/06/2019
- Un Élan insuffisant face aux crises du logement, AOC Média, le 25/10/2018
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