De la lutte contre le changement climatique au mouvement me too, l'adaptation est devenue une consigne permanente, permettant de surmonter les crises ou d'entériner des révolutions. Se résigner, comprendre ou transformer : que signifie réellement s'adapter ? Constitue-t-il une nouvelle injonction ?
- Vivian Dépoues Chercheur à l’Institut de l’Économie pour le Climat (I4CE) sur l’adaptation aux changements climatiques
- Cornelia Möser Docteure en études de genre, habilitée à diriger des recherches en philosophie et chargée de recherche au CNRS au laboratoire CRESPPA, équipe genre, travail, mobilités à Paris et au Centre Marc Bloch à Berlin
- Barbara Stiegler Philosophe française
Dans le cadre de la journée spéciale de France Culture « Entre générations », nous avons choisi d’approcher un thème qui a servi souvent aux générations différentes à se montrer du doigt, adaptation.
Pour Vivian Dépoues, l'atténuation et l'adaptation au réchauffement climatique étaient présentés comme une alternative au début des négociations climatiques, et à cette époque, les scientifiques et les militants considéraient qu’il fallait s’attaquer d’abord aux causes du problème. Aujourd’hui, ce sont deux choses que l’on doit faire en même temps même si on continue trop souvent à la considérer comme une alternative. Pour autant, s’adapter ne doit pas être une injonction, il existe plusieurs façons de s’adapter au changement climatique. L’adaptation ne doit pas ôter les choix aux citoyens au risque d’engendrer de mauvais choix.
Pour Barbara Stiegler, les dirigeants néo-libéraux, nous ont imposés de manière autoritaire une mondialisation carbonée, et les mêmes dirigeants nous disent aujourd’hui qu’il faut s’adapter aux changements selon les solutions qu’ils ont eux-mêmes préconisé. Ils ont perdu tout crédit pour le faire.
Dès 1970, le néo-libéralisme et le capitalisme ne sont plus les seuls à être accusés de contribuer au réchauffement climatique, l'intellectuelle féministe Françoise D'Eaubonne développe l'idée d'éco-féminisme. Pour Cornelia Möser, cette théorie féministe a voyagé jusqu'aux Etats-Unis pour réfléchir aux liens entre la destruction de la nature et l'oppression des femmes et la question du patriarcat.
Pour en débattre, Emmanuel Laurentin reçoit Vivian Dépoues, économiste, chef de projet "adaptation aux changements climatiques" au sein de l'Institut de l'Économie pour le Climat (I4CE) ; Cornelia Möser, philosophe, chercheuse au CNRS et membre de l'équipe Genre, Travail, Mobilités (Cresppa) ; Barbara Stiegler, professeure de philosophie politique à l’université de Bordeaux-Montaigne.
Pour aller plus loin
- Cornelia Möser est l'autrice de Libérations sexuelles : une histoire des pensées féministes et queers sur la sexualité, paru en juin 2022 aux éditions La Découverte.
- Barbara Stielger a publié Il faut s'adapter. Sur un nouvel impératif politique en 2019 chez Gallimard, qui reparaîtra au format, Essai Folio, le 7 septembre, avec Démocratie ! Manifeste, aux éditions Le bord de l'eau, co-écrit avec Christophe Pébarthe. Sur les thématiques de santé, elle a publié De la démocratie en pandémie, aux Tracts Gallimard en janvier 2021, puis Santé publique année zéro chez le même éditeur avec François Alla, en mars 2022.
L'équipe
- Production
- Production déléguée
- Collaboration
- Collaboration
- Mathilde BarbierCollaboration
- Réalisation
- Paul MarguierStagiaire