Coronavirus : la mondialisation réactive-t-elle les peurs ancestrales ?

Un car militaire transporte des Italiens rapatriés de Wuhan, près de Rome, le 3 février 2020
Un car militaire transporte des Italiens rapatriés de Wuhan, près de Rome, le 3 février 2020 ©AFP - Andreas SOLARO
Un car militaire transporte des Italiens rapatriés de Wuhan, près de Rome, le 3 février 2020 ©AFP - Andreas SOLARO
Un car militaire transporte des Italiens rapatriés de Wuhan, près de Rome, le 3 février 2020 ©AFP - Andreas SOLARO
Publicité

La propagation de l'épidémie du coronavirus fait l'objet de rumeurs et interroge sur la diffusion de la peur à l'échelle mondiale. En quoi le coronavirus et les épidémies, produits de la mondialisation, réactivent-ils des peurs irrationnelles ?

Avec
  • Jean-Claude Manuguerra Virologue vétérinaire et directeur de la Cellule d’intervention biologique d’urgence de l’Institut Pasteur
  • Florence Bretelle historienne, directrice d'études Paris VII Diderot et CNRS, spécialiste de l'histoire de la médecine chinois contemporaine
  • Guillaume Lachenal maître de conférences à l'université Paris-Diderot et à Sciences-Po, chargé du cours "Global Health in Africa : Critical Perspectives", chercheur au Médialab

En France, en Australie, ou dans les pays limitrophes de la Chine, les brusques réactions de mise à distance, voire de racisme, vis-à-vis de populations venant d'Asie se sont multipliées ces derniers jours.

À Marseille, certains n’ont pas manqué de rappeler qu’en cette année de tricentenaire de la peste, l'arrivée, à proximité du grand port du Sud, de Français venant de Wuhan, avait réveillé une peur des épidémies constamment réactivée depuis trois siècles.

Publicité

La mondialisation des informations, des transports de marchandises et des voyageurs facilite-t-elle la multiplication des rumeurs, tout autant d’ailleurs que la résolution de ce type d'épidémies, par un échange d'informations plus rapide?

Des peurs contemporaines

Guillaume Lachenal, historien des sciences, à propos de nos peurs des virus: " Nos peurs, ou les peurs telles qu'elles se manifestent en Australie, par exemple, sont des peurs très modernes qui sont liées à la théorie microbienne des maladies. Cette théorie microbienne des maladies, qui s'est constituée à la fin du 19e siècle, a considérablement durci les formes de racisme médical en faisant justement de l'autre le porteur d'un germe contagieux."

Les peurs ne sont pas si ancestrales que ça, elles sont en fait plutôt contemporaines. Guillaume Lachenal 

L'Invité(e) des Matins
42 min

La gestion mondialisée d'un virus

D'après l'historienne spécialiste de la médecine chinoise, Florence Bretelle-Establet, "il est difficile de ne pas voir [dans la posture de Xi Jinping], dans cette gestion vraiment spectaculaire de l'épidémie du coronavirus, une manœuvre de légitimation politique à destination d'abord et avant tout du peuple chinois [...], mais aussi à destination du monde."

La vidéo qui a permis à des milliards de personnes de suivre la construction en direct d'un hôpital, a aussi permis au gouvernement de Xi Jinping de révéler une capacité politique, technologique, financière qui est hors normes.                                        
Florence Bretelle-Establet

Le virologue Jean-Claude Manuguerra explique en quoi -et sous quelles conditions- la mise en quarantaine constitue une solution dans la gestion du virus. D'après lui, "lorsque les nombres sont limités, on arrive à contrôler." 

Dans la philosophie du nouveau règlement sanitaire international, l'idée de l'efficacité, c'est le confinement à la source ; c'est-à-dire qu'on va mettre le paquet là où il y a les épidémies pour que ces épidémies n'essaiment pas partout.                                          
Jean-Claude Manuguerra

La Grande table idées
34 min

L'équipe