Un vent de protestation contre le racisme et les violences policières, venu des Etats-Unis, a récemment soufflé sur la France. Pourtant, si les manifestations se multiplient dans notre pays, la question de l'identité noire continue de diviser. Réalité ou fantasme, comment la définir aujourd'hui ?
- Jo Güstin Ecrivaine
- Carole Reynaud-Paligot Historienne, chercheuse associée à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et enseignante à l'Université de Bourgogne
- Jean-Pascal Zadi
- Maboula Soumahoro Maître de conférences à l'Université François-Rabelais de Tours.
Il s’appelle Jean-Pascal - alias JP. Il est acteur, il a 38 ans, une femme, un enfant, de très grandes dents, mais surtout : il a la peau noire. JP est noir et cela ne l’aide pas vraiment à percer dans le monde fermé du cinéma français. JP est en colère de constater qu’en 2020, les Noirs sont encore marginalisés. Il a donc l’idée d’organiser la toute première marche des fiertés noires en France, une sorte de Black Pride pour faire entendre la voix de la communauté au reste de la société.
Mais en frappant aux portes de l’humoriste Fary, des rappeurs Joey Starr et Soprano, d’Omar Sy ou encore de Fabrice Eboué, Jean-Pascal réalise qu’il existe un peu plus d’une seule nuance de noir dans l’Hexagone…
Cette histoire, c’est le pitch de départ de Tout simplement noir, une comédie de Jean-Pascal Zadi sortie en salles le 8 juillet, et qui est cet été un succès au box-office français. C’est d’ailleurs le film qui a fait le plus d’entrées depuis la fin du confinement, avec près de 650.000 spectateurs.
Il faut dire que cette histoire de Malcom X franchouillard et un peu bancal tombe à pic, au beau milieu d’un vent de protestation contre le racisme et les violences policières en France. Une nouvelle vague née après le mouvement Black Lives Matter, aux Etats-Unis, fin mai, avec la mort de George Floyd, et arrivée en France courant juin avec le renouveau de la mobilisation autour de l’affaire Adama Traoré.
C’est dans ce contexte que Tout simplement noir pose, avec beaucoup d’humour et d’autodérision, la question de l’identité noire en France, et que nous nous posons à notre tour ce soir. Comment la définir, au vu de la diversité de parcours, d’origines, d’expérience des français concernés ? Est-elle l’une des composantes de l’identité française ? Ou au contraire, la fragilise-t-elle en fragmentant la société ?
Pour en débattre, nous recevons le réalisateur Jean-Pascal Zadi, l'écrivaine Jo Güstin, la chercheuse et maître de conférence à l'université François Rabelais de Tours Maboula Soumahoro et l'historienne Carole Reynaud-Paligot.
Avec ce film, on a essayé de montrer la complexité de l’identité noire française. Il n’y a pas une seule façon d’être noir en France comme il n’y a pas une seule façon d’être blanc. Mais on n’est pas uni parce que l’on est noir : on est uni parce qu’on a des vécus similaires. Former une communauté, ce n’est pas si simple.
Jean-Pascal Zadi
L’identité noire peut être construite de façon pro-active, dynamique et consciente. Il y a ainsi eu des mouvements intellectuels, qui existent encore aujourd’hui, comme le panafricanisme. La catégorisation noire a été créée de façon négative et à partir de ce constat historique, des personnes, des collectifs ont décidé de renverser ce stigmate commun pour construire des identités positives.
Maboula Soumahoro
En tant que femmes noires, nous nous identifions d’abord par notre expérience commune de résistance, et non par la nature de notre victimisation. Moi je me considère donc comme une femme noire qui ne reste pas assise.
Jo Güstin
Chaque individu se construit à partir d’éléments identitaires dont il hérite ou qu’il a choisi librement. Chaque individu peut donc fonder son identité sur son sexe, son âge, sa religion, ses activités professionnelles mais aussi militantes, culturelles, et par sa couleur de peau. Il faut bien comprendre que ces identités sont plurielles et dynamiques : on peut à un moment de sa vie mettre en avant certains éléments, puis les abandonner.
Carole Reynaud-Paligot
L'équipe
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