Est-ce que le système de soutien à la culture, le quoi qu’il en coûte, n’a pas finalement muselé les acteurs du monde culturel et permis au gouvernement de ne pas se poser la question de la réouverture, contrairement à certains de nos voisins européens ?
- Karine Huet Secrétaire générale adjointe du SNAM-CGT (Union Nationale des Syndicats d'Artistes Musiciens de France)
- Hortense Archambault Directrice de la Maison de la culture de Seine-Saint-Denis Bobigny.
- Stanislas Nordey Comédien et metteur en scène français, directeur du Théâtre National de Strasbourg (TNS)
Hier au micro de Guillaume Erner sur notre antenne, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot réagissait aux occupations de théâtres qui se sont multipliées depuis dix jours dans toute la France. Les occupants ont deux mots d’ordres principaux : la demande de réouverture de ces lieux, et un soutien financier accru comme l’extension de l’année blanche évoquée par Mme Bachelot, c'est-à-dire la reconduction automatique des droits des intermittents. Il faudrait ajouter à cela les inquiétudes et les demandes spécifiques des étudiants.
Or, on l’entend bien, une demande semble jouer contre l’autre… la réouverture prochaine, espérée, de certains lieux et festivals incite à ne pas accéder tout de suite à la demande d’une nouvelle année blanche. On pourrait pousser cette logique d’opposition entre soutenir et rouvrir, et se demander si ce n’est pas l’existence même du régime d’intermittents du spectacle, et des subventions dont jouissent les théâtres, qui ont permis au gouvernement de ne pas être trop bousculé depuis 120 jours, et de ne pas se poser sérieusement la question de la réouverture.
Un certain nombre d’annonces ont tout de même été faites cette semaine : 20 millions d’euros d’aides supplémentaires, plus 10 millions pour abonder le fond d’urgence. Mais l’enjeu n’est pas que financier, hier lors de la cérémonie des Césars, de nombreuses prises de parole ont évoqué la reprise de la vie culturelle comme une nécessité sociale et politique, parfois même une exigence de santé publique.
Alors « Théâtres, faut-il soutenir ou rouvrir ? »
On a besoin de sécuriser les gens, ils ont perdu beaucoup de revenus, ils sont dans une situation sociale difficile. La réouverture : oui mais elle fait partie du plan de relance et on a aucune visibilité. On est obligé de prolonger cette année blanche. (...). L'ouverture cet été ne va pas faire travailler énormément de gens. - Karine Huet -
Je crois que l'inquiétude, qui est réelle, c'est que les modalités actuelles ne tiennent pas du tout compte de ce qui vient de nous arriver, c'est à dire, 7 mois et 27 jours de fermeture des théâtres et des cinémas, un an de fermeture des discothèques et selon les secteurs, certains ont plus ou moins travaillé. La musique est un des secteurs qui a le moins travaillé. (...). Nous, dans le théâtre public, financé par des subventions publiques, nous avons pu travailler mais évidemment pas du tout de la même manière qu'une année normale. Donc la perte de revenus est réelle puisque le chômage est normalement un revenu complémentaire. - Hortense Archambault -
Avant le Covid, les intermittents étaient déjà fragilisés, précaires. (...). Ils sont donc doublement, triplement impactés par cette crise. Il faut leur donner des perspectives : une réouverture la plus rapide et un plan d'aide à la fois de mouvement d'espoir et un plan de relance fort pour le spectacle vivant (...) parce que quand ça va redémarrer, ça va redémarrer très lentement. Seuls les projets certains vont être privilégiés. Derrière tout ça, il y a une panique, une situation très anxiogène et ça, je pense que, c'est important que le gouvernement l'entende. - Stanislas Nordey -
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