La 74e Assemblée mondiale de la Santé (du 24 mai au 1er juin) se tient en ligne alors que la communauté internationale s'efforce d'accélérer la vaccination des pays pauvres.
- Auriane Guilbaud Politologue, maitre de conférence à Paris 8.
- Michel Kazatchkine
- Rony Brauman Ancien président de Médecin sans frontières
Impréparation, lenteur, attentisme, aveuglement, incohérence, manque de coordination… la conclusion du rapport de 13 experts indépendants mandatés par l’Organisation Mondiale de la Santé pour revenir sur la gestion de la pandémie de Covid-19 sont sans appel. Rendu public le 12 mai dernier, il présente un état des lieux sévère, autant pour l’OMS que pour les Etats. La 74e Assemblée mondiale de la Santé, qui se tient actuellement et jusqu’au 1er juin, doit donc tirer toutes les leçons de ce que le rapport décrit comme le « moment Tchernobyl du XXIe siècle ».
Il s’agit donc de réformer l’agence onusienne, qui apparait plus nécessaire que jamais : d’abord parce que l’actuelle pandémie a creusé les inégalités entre populations, ensuite parce que ce type d’évènement est susceptible de se reproduire. La coopération internationale reste le meilleur moyen d’y faire face. Mais à voir la compétition entre Etat pour obtenir masques et vaccins, les réticences devant toute forme d’ingérence sanitaire, les difficultés rencontrées par les enquêteurs de l’OMS, les remises en cause dont elle est l’objet… on est en droit d’être sceptiques.
D’autant plus que l’OMS prête volontiers le flanc à ces reproches. On pointe du doigt son fonctionnement trop bureaucratique qui ralentie sa capacité de réponse ; mais aussi son manque d’indépendance vis-à-vis des Etats ou des grands acteurs privés de la santé. Le défi aujourd’hui est double : comment stopper au plus vite la pandémie et comment réformer l’OMS pour mieux répondre aux prochains défis ?
Alors L’OMS a-t-elle tiré les leçons de la pandémie ?
On en débat ensemble jusqu’à 19h, en direct et sans filet sur France Culture, une émission que vous pouvez écouter ou réécouter quand vous le souhaitez sur l’application de Radio France.
Oui, sans aucun doute ! (on peut parler d'un constat d'échec en matière de réponse internationale à la pandémie du Covid 19). Un échec qui tient pour une part à des retards, des incohérences, des complexités administratives autour de l'action de l'OMS dans les premières semaines, mais un échec qui tient aussi largement aux Etats et au fait que, dès lors qu'une urgence sanitaire internationale était déclarée le 30/01/2020 par le directeur général de l'OMS, le degré d'alerte le plus élevé, finalement sa parole n'était pas entendue, et la plupart des pays sont restés dans une attitude de "Wait and See", jusqu'au 10-15 mars, c'es à dire six semaines perdues... donc je crois qu'il ne faut pas mettre tout sur le dos de cette agence... - Michel Kazatchkine -
Pour bien comprendre ces retards et le constat d'échec que tire notamment le rapport du panel, il faut revenir à ce qu'est l'OMS, càd, une organisation inter-gouvernementale dont les membres sont les Etats (...) et donc les organes de gouvernance. Vous avez l'OMS qui se tient actuellement avec 194 états membres et un conseil exécutif d'une trentaine d'états, et vous avez également une bureaucratie internationale : un secrétariat général, un directeur général, des employés qui travaillent sur beaucoup de questions sanitaires (...). C'est une grande machine... - Auriane Guilbaud -
L'OMS est plus nécessaire que jamais. Il faut renforcer son rôle. On a besoin de l'OMS. Il y a eu 4 pandémies mondiales depuis le début du XXIe siècle. C'est inédit, on voit une accélération... On a vu le SRAS, le ZICA, le Chikungunya, Ebola, le Covid-19... mais on voit qu'il y a un phénomène qui est lié au changement climatique, à l'augmentation démographique, à l'urbanisation accélérée, à la concentration des populations et à d'autres facteurs... tout cela nous indique qu'on a besoin d'une coordination générale... - Rony Brauman -
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