La recherche est-elle un métier à risque ?

Deux ans après l'enlèvement et l'assassinat du doctorant Italien Giulio Regeni en Egypte, des hommages lui sont rendus annuellement (Piazza Montecitorio, le  25/01/2018)
Deux ans après l'enlèvement et l'assassinat du doctorant Italien Giulio Regeni en Egypte, des hommages lui sont rendus annuellement (Piazza Montecitorio, le  25/01/2018) ©Maxppp - Vincenzo Tersigni / EIDON
Deux ans après l'enlèvement et l'assassinat du doctorant Italien Giulio Regeni en Egypte, des hommages lui sont rendus annuellement (Piazza Montecitorio, le 25/01/2018) ©Maxppp - Vincenzo Tersigni / EIDON
Deux ans après l'enlèvement et l'assassinat du doctorant Italien Giulio Regeni en Egypte, des hommages lui sont rendus annuellement (Piazza Montecitorio, le 25/01/2018) ©Maxppp - Vincenzo Tersigni / EIDON
Publicité

Depuis plusieurs mois, deux chercheurs, Fariba Adelkhah et Roland Marchal, sont détenus en Iran. Plusieurs exemples récents ont montré que le travail de recherche est de plus en en plus contraint dans certaines zones géographiques. Peut-on encore mener des enquêtes de terrain dans les pays à risque?

Avec
  • Michel Agier Anthropologue, directeur d'études à l'Ecole des Hautes études en Sciences sociales (EHESS) et chercheur à l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD)
  • Barbara Couturaud Archéologue, chercheure MEAE, responsable de l’antenne d’Erbil à l'Ifpo depuis 2011
  • Patrick Nedellec Directeur Europe de la recherche et coopération internationale du CNRS
  • Marielle Debos Chercheuse à l'Institut des Sciences sociales du Politique et maître de conférences en sciences politiques à Paris-Nanterre

Nous avons appris la semaine dernière, plus de deux mois après l’annonce de l’arrestation de la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, la détention en Iran du chercheur Roland Marchal, spécialiste de l’Afrique. Deux arrestations qui posent la question des risques que prennent les chercheurs, sociologues, géographes, ethnologues, lorsqu’ils se rendent sur le terrain qui doit nourrir leurs propres recherches.

Ces risques peuvent être naturels, lors de tremblements de terre ou d’inondations, mais ils sont le plus souvent politiques et dont le fait de gouvernements, de milices ou de groupes armés qui ne souhaitent pas les voir observer la situation ni tout simplement travailler.

Publicité

Aujourd’hui ma responsabilité n’est plus la même que celle qu’elle était quand j’étais une toute jeune chercheuse (...) Notre première préoccupation est la sécurité de nos enquêtés sur place. Marielle Debos

Il faut défendre la possibilité de produire du savoir (…) Cela permettre de combattre le mouvement obscurantiste qui accompagne le développement des violences sur les chercheurs, et les citoyens en général. La défense même du savoir engagé, du savoir impliqué est elle-même devenue une mission pour les chercheurs. Michel Agier

Deux fois par an, une formation [à la gestion de risque] est organisée par le Ministère des Affaires étrangères, la gendarmerie, le ministère de l’intérieur et le centre de crise qui met les chercheurs en situation réelle : comment réagir en cas d’attentat, comment réagir en cas de prise d’otage. Ce type de réflexe peut être la garantie d’être en situation de survie.  Patrick Nedellec

On a toujours l’impression de connaitre nos terrains, de maîtriser le danger, on connait les gens, on parle la langue. Par ce stage, j’ai réalisé qu’il y a tout un tas de choses qu’on ne connait pas, qu’on ne maîtrise pas (…). Les terrains sûrs n’existent pas, le risque zéro n’existe pas. Barbara Couturaud

Pour aller plus loin :

" Retour sur le terrain : quand le chercheur navigue entre intuition, menaces et empathie", The Conversation, le 15/11/2017 

" Entre pressions policières et entraves administratives, les chercheurs en sciences sociales peuvent-ils encore enquêter sur le terrain ?", Les Inrocks, le 22/03/2018 [Abonnés]

Comité de soutien à Fariba Adelkhah et Roland Marchal, Sciences Po, le 17/10/2019

Site dédié aux 80 ans du CNRS, célébrés cette année

Cartes régionales de France Diplomatie sur les zones de vigilance 

Deux exemples :

- " Giulio Regeni, torturé à mort au Caire à 28 ans", Le Monde, le 09/02/2016

- " Les Emirats gracient Matthew Hedges, le Britannique condamné pour espionnage", Le Monde, le 26/11/2018

La Fabrique de l'Histoire
51 min

L'équipe