La sortie du livre "Flic" aux Éditions de la Goutte d'Or remet le journalisme d'infiltration au cœur de l'actualité. Elle ravive ainsi la grande question éthique et déontologique que cette méthode journalistique pose : la fin justifie-t-elle les moyens ?
- Valentin Gendrot Journaliste
- Patrick Eveno professeur émérite d'histoire contemporaine à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne, spécialiste de l’histoire des médias, président de l'Observatoire de la déontologie de l'information
- Aurore Gorius Journaliste d'investigation pour Les Jours
La sortie il y a dix jours du livre Flic, qui a immédiatement été propulsé dans le trio en tête des ventes, a relancé le débat sur les manières, pour les journalistes, d’approcher au plus près le réel.
Son auteur, Valentin Gendrot, a infiltré la police et a raconté le quotidien d’un commissariat parisien.
Son récit a provoqué des réactions nombreuses de journalistes mais aussi du Parquet de Paris qui a ouvert une enquête confiée à l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN) sur les faits décrits dans l’ouvrage.
Ce n’est pas la première fois qu’un journaliste infiltre un milieu dans lequel il n’a pas l’autorisation de pénétrer - une émission de reportage s’appelait il y a quelques années Les Infiltrés - mais ce livre tombe dans un contexte tendu marqué par les violences policières, mais aussi par les attaques dont les policiers sont l’objet et qu’un syndicaliste nous rappelait ici même mercredi dernier dans notre débat sur la mesure de la violence.
Quelle(s) justification(s) pour le journalisme "masqué" ?
Les services de communication sont omniprésents dans la fabrique de l’information, tant quand il s’agit du pouvoir politique que du pouvoir économique. Il faut un aval pour avoir accès à l’information. De fait, l’infiltration ou l’immersion permet de renverser cette opacité. Aurore Gorius
J’oppose la prétendue déloyauté déontologique de l’infiltration à l’aspect salutaire de ma démarche journalistique : il y a une mission d’intérêt général à aller voir "de l'autre côté du mur". Valentin Gendrot
Il ne faut cependant pas faire que de l'immersion : le journalisme doit se pratiquer en une multitude de facettes pour que le public puisse obtenir une information fiable, contrôlée et sourcée. Patrick Eveno
Pour aller plus loin :
- Le documentaire Police, illégitime violence (2019) écrit et réalisé par Marc Ball
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