Les droits LGBT fracturent-ils l’Europe ?

Un homme tenant un parapluie arc-en-ciel et un autre tient une pancarte en faveur des droits LGBTI+ pendant la manifestation (Amsterdam, Pays-Bas, 21/06/21)
Un homme tenant un parapluie arc-en-ciel et un autre tient une pancarte en faveur des droits LGBTI+ pendant la manifestation (Amsterdam, Pays-Bas, 21/06/21) - Photo by Ana Fernandez/SOPA Images/LightRocket via Getty Images
Un homme tenant un parapluie arc-en-ciel et un autre tient une pancarte en faveur des droits LGBTI+ pendant la manifestation (Amsterdam, Pays-Bas, 21/06/21) - Photo by Ana Fernandez/SOPA Images/LightRocket via Getty Images
Un homme tenant un parapluie arc-en-ciel et un autre tient une pancarte en faveur des droits LGBTI+ pendant la manifestation (Amsterdam, Pays-Bas, 21/06/21) - Photo by Ana Fernandez/SOPA Images/LightRocket via Getty Images
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De la Hongrie à l’Italie, en passant par le stade de Munich, le mois des fiertés LGBT se termine sur différentes polémiques qui montrent que les questions sexuelles sont plus politisées que jamais, et semblent menacer l’unité de l’Europe. Faut-il opposer les pays européens de l’Est et de l'Ouest ?

Avec
  • Matthieu Boisdron Docteur en histoire, rédacteur en chef adjoint "Le Courrier d'Europe centrale"
  • Malin Björk Députée européenne, membre du Parti de Gauche en Suède, membre du European Parliament's LGBTI Intergroup.
  • Silvia Casalino Ingénieure spatiale de formation et militante politique. Directrice exécutive de la Conférence lesbienne européenne.

La marche des fiertés est partie cette après-midi de Pantin, en banlieue parisienne, pour se rendre place de la République, et elle a pris cette année une signification toute particulière. D’abord parce que la situation sanitaire permettait enfin à ce rassemblement de se tenir, même si c’était sans les habituels chars… D’ailleurs cette année l’aspect festif de l’événement a laissé la place de façon plus évidente à la dimension militante et politique. Le mot d’ordre de l’inter-LGBT était sans ambiguïté : « Plus de droits, moins de blabla ! Trop de promesses, on régresse ! »

Une signification particulière aussi parce que cette semaine… qui vient clore le mois des fiertés… a été particulièrement agitée en Europe sur le plan de la défense des droits LGBT. La Hongrie de Victor Orban a ainsi promulgué mercredi une loi qui a provoqué une levée de bouclier de la grande majorité de ses partenaires européens, puisqu’elle vise notamment à interdire, je cite, « la promotion de l’homosexualité ». Des mots qu’on a d’ailleurs aussi entendus, tel quel ,dans la bouche de Marine Le Pen sur l’antenne de France Inter. Preuve, contrairement à ce qu’on a longtemps affirmé, que le sexe est politique… et qu’il vient tracer des lignes d’opposition.

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Mais ces lignes sont-elles si claires, est-ce que comme on l’a beaucoup dit cette semaine il y aurait deux Europe, avec d’un côté la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie, et de l’autre le reste des Etats de l’union ? Bref, l’Europe est-elle en train de se fracturer sur la question de la défense des droits LGBT ?

C’est la question du Temps du débat à écouter en direct jusqu’à 19h sur France Culture et quand vous le souhaitez sur l’application de Radio France.

Il y a déjà eu deux marches qui ont précédé la Gay Pride (la marche des fiertés) cette année. Il y a eu la "Marche Lesbienne" fin avril dernier et la semaine dernière il y a eu une "Marche Radicale", une marche un peu plus politique avec une frange plus radicale du mouvement LGBT. Et puis cette Gay Pride  aujourd'hui, avait un air aussi plus radicale, c'était très intéressant, c'était très jeune, et c'était encore plus festif que quand il y avait les grandes sonos (...). C'était très beau et très joyeux.(...). Les mots d'ordre cette année c'était surtout autour de la PMA et des droits des personnes trans (...). La France parle surtout de ce qui se passe en France. - Silvia Casalino -

Quand on a su que ce vote en Hongrie allait prendre place, et avant qu'elle ne soit votée, on avait déjà préparé une série d'actions pour demander un débat plénière qui va se tenir en juillet. On va pouvoir regarder ce qui a été fait et ce qui peut encore être fait au niveau politique européenne. Mais c'est clair que, moi qui travaille sur les droits LGBT et les questions féministes, je vois les attaques sur les droits des femmes et LGBT, dans certains pays, augmenter. Mais toute la lumière mise sur la Hongrie était nécessaire (...) parce que ça nous donne un levier pour agir et peut-être avoir enfin un pouvoir politique aussi. - Malin Björk -

Cette loi adoptée par le parlement le 15 juin était à l'origine un pacte législatif qui visait à lutter et renforcer les sanctions contre les pédocriminels. Le Fidesz (parti politique de Viktor Orbán en Hongrie) a souhaité des amendements complémentaires à ce pacte législatif. Dans les dispositions qu'il a introduites, il y a désormais cette interdiction de diffuser des contenus pornographiques mais aussi des contenus qui représenteraient la sexualité comme une fin en soi, qui représenteraient le changement de sexe ou le changement d'orientation sexuelle, qui ferait la promotion de l'homosexualité. (...). La loi est à dessein très flou, c'est une volonté politique de Viktor Orbán, "la promotion de l'homosexualité" ça laisse ouverte la porte à toutes les interprétations possibles. Les éléments les plus concrets, les plus spécifiques de cette loi concernent en fait plutôt l'école et les publicités. - Matthieu Boisdron -

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